C'était le 16 novembre 2010. Nicolas Sarkozy intervient à la télévision
pour
défendre un remaniement annoncé depuis plus de cinq mois, annonce qui a
d'ailleurs paralysé son équipe gouvernementale pendant cette période. Il
promet une
«nouvelle étape». Il se félicite d'avoir opté pour une équipe «resserrée», «très professionnelle,
solidaire, de combat au service de la France», pour «donner de la
stabilité». Ses conseillers élyséens martèlent qu'il s'agit d'un «gouvernement de pros». Christine Lagarde va jusqu'à dire qu'il est «totalement révolutionnaire», un
«tour complet à 360 degrés», un retour «à l'impératif de la solidité
(et) du professionnalisme».Le sarkozysme en aurait donc fini
avec l'amateurisme, le casting des noms qui claquent et les débauches à
gauche. La fameuse «re-présidentialisation» est en marche, place à un
gouvernement de compétences – notamment dans les ministères régaliens –,
pour permettre au chef de l'Etat de se consacrer à sa campagne.Trois
mois
plus tard, nous voilà donc dans un nouveau remaniement, le quatrième en
moins d'un an (après celui intervenu au lendemain des régionales, puis
la démission avant l'été 2010 d'Alain Joyandet et
Christian Blanc, et le remaniement du 14 novembre dernier). L'une des «pros» sur le départ, et pas
n'importe laquelle puisqu'il s'agit de la ministre des affaires étrangères.Dans
un fiasco
qui n'est pas sans rappeler celui rencontré par Eric Woerth, entre juin
et novembre derniers et en pleine réforme des retraites, Michèle
Alliot-Marie devrait finalement quitter le navire pour permettre de
sauver les derniers lambeaux de la politique étrangère française.
L'annonce est attendue dimanche ou lundi. «On
était dans une séquence qui devait lui permettre de prendre de la
hauteur, l'international, avec la défense, ce sont les domaines
réservés du chef de l'Etat. Et là… c'est très embêtant pour 2012», se désole le député (UMP) de Savoie, Lionel Tardy.Après avoir été lâchée progressivement par les parlementaires de la majorité (lire nos articles des 16 et 23 février),
puis par certains ténors de l'UMP, MAM a été abandonnée en rase
campagne par une partie de ses collègues du gouvernement, soucieux de
l'image de la France lors de la réunion du G20 des ministres des
affaires étrangères, les 14 et 15 mars.Le pouvoir s'inquiète aussi de sa chute vertigineuse dans les sondages, à un mois des cantonales. «Michèle Alliot-Marie a dévissé et elle entraîne tout le monde. Il faut stopper ça», racontait un ministre à l'AFP, vendredi. «La séquence de la présidence française du G20 est importante et en
tant que ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie sera
très en vue, au côté du chef de l'Etat. Or, à son poste, l'action ne
permet pas d'effacer l'image», a expliqué un autre, jugeant la situation «intenable».A
droite, tous ont en tête de ne pas reproduire le cas Eric Woerth, que
Nicolas Sarkozy a mis six mois à sortir du gouvernement, et qui a sapé
la réforme des retraites. «Si Nicolas Sarkozy bouge, c'est maintenant. Sinon, nous allons nous retrouver dans la même nasse qu'avec Eric Woerth»,
via www.mediapart.fr