En finir avec l'assistanat : Patrick Buisson, conseiller secret et très à droite de Nicolas Sarkozy, veut remettre à la mode cette vieille idée. Dans Paris Match, il suggère de réserver le RSA aux Français disposant déjà d'un travail. Cela priverait en fait 1,3 million de foyers de l'essentiel de leurs revenus. Et reviendrait à enterrer la principale mesure sociale de Nicolas Sarkozy.
Patrick Buisson, ancien journaliste à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute et à LCI, se livre peu dans les médias. Il a pourtant accepté de se livrer – un tout petit peu – dans Paris Match. Une formule-choc saute immédiatement aux yeux :
« Nos élites sont mues par une invraisemblable “prolophobie” dont elles n'ont parfois même pas conscience. »
Ce terme de « prolophobie » est sans doute promis à un bel avenir. Mais ce sont surtout les propositions de Patrick Buisson qui devraient faire tiquer. Sans surprise, il souhaite une politique de l'immigration plus ferme. Plus étonnant, il s'en prend au RSA, le Revenu de solidarité active, principale mesure sociale de Nicolas Sarkozy. Paris Match écrit :
« Sur le pouvoir d'achat, il plaide pour une grande loi de réhabilitation du travail. Elle lutterait contre l'assistanat en réservant par exemple le RSA et le RMI aux Français qui ont un travail. »
Cette fois-ci, pas de citation directe. Nous avons tenté de joindre la journaliste de Paris Match et Patrick Buisson, pour connaître la teneur exacte de ses propos, en vain pour l'instant. Si on la prend au mot, cette proposition est une petite bombe.
Le RSA déjà censé lutter contre l'assistanat
Passons sur la mention du RMI : le Revenu minimum d'insertion n'existe plus, puisqu'il a été remplacé depuis 2009… par le RSA. Ce nouveau dispositif est entré en vigueur en juillet 2009, à l'initiative de Martin Hirsch et avec le soutien de Nicolas Sarkozy.
Passons aussi sur le choix du mot « Français » plutôt, par exemple, que « bénéficiaires » : laissons à Patrick Buisson le bénéfice du doute. Au passage, on peut toutefois rappeler qu'aucun chiffre officiel n'est disponible sur le nombre d'immigrés touchant le RSA. Et que pour les étrangers, le RSA est déjà plus strict que le RMI : désormais, précise la loi, il faut être »titulaire, depuis au moins cinq ans, d'un titre de séjour autorisant à travailler ».
Opposer le travail à l'assistanat, ce n'est pas franchement une idée nouvelle. Mais c'est justement pour transformer les « assistés » en travailleurs que le RSA a été créé. Il ne s'agissait pas seulement de simplifier les choses, en remplaçant sous un dispositif unique les aides existant jusque-là (RMI en tête, donc).
Le RSA offre surtout un complément de revenu aux salariés pauvres. Sur le papier, c'est donc une incitation forte à trouver un emploi :
via eco.rue89.com