Oussama ben Laden, un serial killer drapé dans le drapeau blanc de la pureté ethno-communautariste (cf. « Dieu sans religions, suivi d’une Lettre à Oussama Ben Laden ») – Libération

La Mecque et Médine. Né à Riyad en 1957, il fait des études de management et de sciences économiques à l'Université du roi Abdul-Aziz, à Djeddah, grand port d'Arabie Saoudite et quartier général de sa famille. Ensuite, celui que ses partisans appellent «le saint guerrier» aurait très bien pu céder à l'appel d'une vie dorée et oisive qui lui était promise. Son père, Mohammed ben Laden, l'une des plus puissantes fortunes du royaume, avait de longue date gagné la confiance des dirigeants saoudiens. En Arabie, confiance signifie fortune. Créée dans les années 30, l'entreprise paternelle ­ Ben Laden Construction Group ­ allait se voir choisie par le roi pour réaliser les immenses projets d'agrandissement des deux villes saintes de l'islam, La Mecque et Médine. A l'image de Ibn Saoud, fondateur de l'Arabie Saoudite, qu'il a fréquenté, son père multiplie les mariages pour consolider sa situation. Il aura 54 filles et garçons ­ Oussama sera le fils unique de sa onzième femme.

A sa mort, en 1968, l'entrepreneur laisse une fortune de plusieurs millions de dollars. Salem, le fils aîné, prend le contrôle du groupe, dans lequel vont siéger treize autres fils. Originaire de l'Hadramout, une vallée semi-désertique du sud-est du Yémen et l'un des bastions fondamentalistes de ce pays, la famille Ben Laden est traditionnellement pieuse ­ al-Ribat, le lointain village familial, se situe précisément dans le Wadi Dohan, un vallon qui produit le miel le plus cher du monde. Même si la famille est de la plus stricte orthodoxie wahhabite (l'islam wahhabite est l'école la plus rigoriste de la religion musulmane et l'idéologie officielle du royaume saoudien), ce qui vaut aux enfants mâles d'apprendre le Coran par coeur, elle s'accommode bien de la corruption du palais royal. Mais pas Oussama. Dès 1973, il fréquente les milieux islamistes radicaux.

En décembre 1979, l'invasion soviétique de l'Afghanistan sera un tournant dans sa vie. Il est chargé de superviser les fonds que l'Arabie Saoudite met à la disposition des combattants arabes qui se battent aux côtés des moudjahidin afghans. Il est alors en contact direct avec le prince Turki al-Fayçal, chef des services secrets saoudiens, qui est aussi chargé de la question afghane. Un lien qui perdurera et se traduira par le limogeage brutal du prince, le 31 août dernier, par le roi Fahd. En même temps, il participe à plusieurs combats contre l'armée soviétique, notamment à la féroce bataille de Djelal-Abad. En 1989, il regagne l'Arabie Saoudite. L'année d'après, c'est la crise du Golfe. C'est à cette époque que s'agrandit la fracture entre l'islamisme et l'Amérique. Le déploiement de 500 000 soldats américains dans le royaume ­ dont tout le territoire est considéré comme une grande mosquée parce qu'il a accueilli la révélation coranique ­ déchaîne la colère des religieux saoudiens qui y voient le viol du sanctuaire le plus sacré. L'Amérique devient l'ennemi prioritaire pour Ben Laden qui, depuis 1988, a commencé à mettre sur pied sa propre organisation, al-Qaeda («la base», en arabe). Sa priorité devient le soutien des groupes islamistes en Algérie, en Egypte et au Yémen. Ces trois pays n'apprécient pas et demandent à Riyad d'intervenir. «Le saint guerrier» se voit retirer son passeport. Pas très longtemps. Dès qu'il lui est restitué, il s'installe au Soudan pour continuer ses activités.

En 1994, il se voit déchu de sa nationalité saoudienne et sa famille, pour ne pas affecter ses bonnes relations avec la famille royale, le renie. Ou plutôt affecte de le renier car, lors du mariage de l'un de ses fils, à Kandahar (sud de l'Afghanistan), en janvier 2001, des proches parents, dont sa mère, s'y rendront. En tout cas, la stratégie familiale sera payante. En 1998, le groupe Ben Laden va construire un complexe d'un coût de 150 millions de dollars destinés à… des milliers de soldats américains basés en Arabie Saoudite. Le leader islamiste, lui, a déjà pris sa part de la fortune familiale,

via www.liberation.fr

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