«On est contents d’être devenu le pays où la jeunesse prend en main son destin» – Libération

Le «scandale des médias» à la botte du pouvoir

Ce «scandale des médias» à la botte du pouvoir, «l'énergie de la colère», mais aussi une expérience professionnelle dans les quartiers populaires d'une grande ville d'Amérique Latine: c'est ce qui a affiné le sens politique du jeune Tunisois, et l'a poussé à ouvrir son blog, en août 2007. «Au départ, j'essayais de trouver une manière de dessiner sans être censuré, en suggérant, en jouant sur le second degré».

Le 28 décembre, première prise de parole de Ben Ali depuis le début du soulèvement. Il dit comprendre «la difficulté générée par la situation de chômage», mais dénonce une «instrumentalisation politique».

Madame Anastasie intervient en décembre 2008. «A partir de là, je me suis lâché. Ca m'a indigné. Je me suis dit: faut foncer, c'est la guerre.» _z_ se met à critiquer plus clairement, vise Ben Ali, sa femme, son parti et son clan. Reçoit une foule de témoignages «de gens désespérés car personne ne porte leur parole». «J'étais devenu une source d'informations.»

_z_ fait donc partie de ces cybermilitants qui, souvent jeunes, ont eu un rôle important lors de cette révolution, notamment pour relater aux Tunisiens et au reste du monde la mobilisation et les horreurs commises. Ces activistes, pour qui «la censure est presque un label, une certification», «se connaissent tous virtuellement», et bien avant le soulèvement. Soulèvement qui a eu, sur la Toile «un côté joyeux, une sorte de "on va faire la révolution en chantant"».

Deuxième allocution télévision de Ben Ali, le 11 janvier. Il y promet la création de 300.000 emplois en deux ans. Et dénonce à nouveau «des actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés».

Avant cela, ces dissidents de la toile ont connu la répression. Fin 2009, _z_ a bien cru être fait. Une blogueuse qui reprend ses dessins et les reproduits en arabe est arrêtée, fait cinq jours de prison. Le but: démasquer qui se cache derrière le pseudo alphabétique. «A partir de là, j'ai gravement paniqué», explique-t-il. Il quitte le pays, n'y revient qu'à l'été 2010. La paranoïa monte d'un cran, elle qui est déjà si présente, à tel point que ses parents ne connaissent rien de ses activités. «Ils ne sont pas du tout engagés politiquement, ça les dépasse».

«_z_, nouveau chômeur»

Des parents, «ni de la classe populaire, ni riches», qui lui ont toutefois inculqué «que la Tunisie de Bourguiba ne méritait pas» ce qui lui arrivait. «Aller applaudir le président comme on le faisait au lycée, voir se dérouler des scrutins dont tout le monde savait que c'était une mascarade: cette humiliation permanente a dû travailler l'inconscient des Tunisiens».

via www.liberation.fr

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