OHM 2013, l’hommage aux lanceurs d’alerte pour la défense des droits civiques | Rue89

Ils et elles travaillaient pour les services secrets. Le MI5 (les services intérieurs de sa Majesté), le FBI, la NSA… Ils ont tout quitté – et tout perdu – pour prévenir de profonds dysfonctionnements. Bradley Manning est l’un d’eux. Edward Snowden aussi.

Le premier a été reconnu coupable mardi de violations de la loi sur l’espionnage. Il risque jusqu’à 136 années de prison aux Etats-Unis. Le second vient de se voir accorder l’asile pour un an en Russie après une rocambolesque fuite par Hong-Kong et un long passage en zone d’attente à l’aéroport de Moscou. Tous ont été pourchassés et poursuivis.

Le camp de hackers OHM (pour « Observe, Hack, Make », soit « observe, pirate, fabrique ») leur consacre une large place cette année. L’événement a lieu tous les quatre ans au Pays-Bas. Cinq jours, du 31 juillet au 4 août, pendant lesquels s’enchaînent conférences et ateliers sur un grand terrain à 30 kilomètres au nord d’Amsterdam.

En 2009, un certain Julian Assange avait présenté son projet, jusqu’alors connu des seuls initiés : WikiLeaks.

Mercredi soir, quatre ans après, il s’est à nouveau exprimé, en visioconférence depuis son refuge à l’ambassade d’Equateur en Grande-Bretagne. Réagissant au verdict prononcé contre Bradley Manning, Assange a dénoncé une tentative de « terroriser tout le monde […] : Manning représente la défiance morale contre une autorité immorale. »

« Pas ce genre de réactions aux Etats-Unis »

A OHM, les lanceurs d’alerte rencontrent un public enthousiaste. Des hackers, au sens le plus large : des bidouilleurs créatifs qui bricolent aussi bien les lignes de code que les aliments.

Coleen Rowley s’est émue de cet accueil. Employée du FBI, elle a rédigé en 2002 un mémo adressé à deux membres du Congrès sur les failles du renseignement ayant conduit aux attentats du 11 septembre 2001. « Je vous assure que je n’ai pas ce genre de réactions lorsque je raconte ces histoires aux Etats-Unis », s’est-elle réjouie lors de sa conférence.

Des applaudissements nourris accompagnent aussi le témoignage de Jesselyn Radack, ancienne du ministère de la Justice, partie après avoir constaté les violations aux droits de la défense à l’encontre du « Taliban Américain », John Walker Lindh, capturé en Afghanistan juste après l’invasion occidentale.

Tous ont dénoncé le traitement réservé aux lanceurs d’alerte. Surtout sous l’administration Obama, qui a usé comme jamais de l’Espionnage Act. Ce texte, qui date de 1917, est « la pire accusation qui puisse être portée contre un Américain », affirme Jesselyn Radack, reconnaissant « avoir eu complètement tort à propos d’Obama ».

Avocate, elle est aujourd’hui engagée dans la défense des lanceurs d’alerte et de la liberté d’expression. Sur scène, elle apparaît avec l’un de ses clients, l’un des plus médiatisés de ces dernières années : Thomas Drake.

Ancien de la NSA, expert de la Stasi, il a dénoncé l’existence d’un programme de surveillance. Quand il se présente sur scène, Thomas Drake donne son nom, son ancienne affectation et lance : « Je suis un homme libre ». Il est le seul poursuivi sous l’administration Obama qui ne soit ni en prison ni en exil, explique-t-il.

Interdit de faire du droit et de prendre l’avion

« Les Etats-Unis ont appris de leur ancienne tutelle coloniale comment poursuivre les lanceurs d’alerte » analyse Annie Machon, avec un brin d’ironie. Cette ancienne du MI5 a dû fuir la Grande-Bretagne après

via www.rue89.com

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