Il
faut dire qu'avec plus de 500.000 dollars de dons depuis le début du mouvement,
il y a de quoi faciliter quelques projets. Juste avant l'évacuation du parc,
l'assemblée générale se demandait si elle devait envoyer des représentants en
Egypte pour s'en inspirer, les frais auraient été pris en charge par la
communauté. Tout cet argent n'est
bien entendu pas placé sur un compte en banque habituel. «Nous avons un
compte auprès d'une banque mutualiste, nous rassure Kevin Sheneberger. Elle ne spécule
pas sur notre argent pour engraisser ses actionnaires. C'est la première banque
américaine à avoir offert à ses adhérents des chèques gratuits…»Cet
engouement pour les banques coopératives a fait des émules. Selon Time magazine, 650.000 Américains auraient
ouvert un compte dans une de ces banques d'un nouveau genre (tout du moins pour
les Etats-Unis) lors du dernier mois. La plupart mettent en avant les frais de
fonctionnement outranciers de Bank of America ou de ses concurrents comme
raison de leur changement, mais nombreux sont ceux qui disent en avoir entendu
parler grâce aux «Occupy». «C'est
la preuve que notre poids ne peut pas se calculer uniquement au nombre de
personnes présentes dans le parc. Il y a des milliers de personnes qui ne sont
pas physiquement sur cette place mais qui partagent notre ras-le-bol», s'agace Steven Diaz, un
autre historique de Zuccotti Park.De
l'autre côté, sur Broadway, on trouve les «bureaux» du mouvement. Des
ordinateurs, des salles de réunion, des pièces pour stocker les centaines de
dons (nourriture, vêtements) qui arrivent chaque jour des quatre coins du pays…
En plein cœur de Manhattan, là où un simple studio se loue en moyenne 2000
euros, un tel luxe immobilier laisse sceptique les médias américains. «On ne
paye pas de loyer. Il s'agit là encore d'une donation», précise pourtant Megan
Hayes, une des occupantes. C'est la même banque coopérative qui prête
gracieusement ses locaux selon Kevin Sheneberger, ainsi que tout le matériel
qui s'y trouve.«Le
mouvement est-il devenu plus professionnel depuis qu'il possède ces bureaux?», demande une journaliste de
CNN. «Pas du tout»,
répond Haywood Carey, un autre membre influent. «On reste fidèle à nos
principes et les méthodes de décisions n'ont pas varié d'un iota.» Rien n'aurait donc changé depuis l'appel du 17 septembre par le magazine canadien AdBusters,
désireux de créer une «place Tahrir au sein de Wall Street». L'évacuation du campement
par la police mi-novembre n'aurait même eu que des conséquences bénéfiques
selon certains, un sentiment d'injustice décuplant les forces de ceux qui
étaient déjà présents et finissant de convaincre ceux qui hésitaient encore à
rejoindre l'aventure.«J'étais
un peu sceptique au début du mouvement», explique ainsi Matt Sky, un développeur de sites
internet venu grossir les rangs du mouvement il y a peu. «L'absence de but
commun entre les manifestants me posait problème… Et puis il y a eu
l'évacuation par la police et là, je me suis rendu compte que je ne voulais pas
que cette dynamique de débats prenne fin. C'était notre seul espace de liberté…»«Le
reproche que l'on nous adresse, c'est de ne pas avoir un objectif en tête,
quelque chose à demander qui, une fois obtenu, nous permettrait de rentrer chez
nous avec le sentiment d'avoir accompli notre mission», continue Tim, un punk
anarchiste qui continue à venir chaque jour sur la place, même sous la pluie. «C'est
justement ce dont on ne veut pas. Cela fait des années q
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