Depuis le début de son œuvre singulière d’intellectuelle-journaliste-activiste, Naomi Klein poursuit une quête : quel est le bon récit des luttes ? Comment raconter une juste histoire de l’engagement aujourd’hui ? À l’orée des années 2000, cela tournait autour de la marchandisation du monde et de l’assignation identitaire par la pub (No Logo – Actes Sud). Sept ans plus tard, elle explorait des liens entre l’impérialisme guerrier, les traumatismes des peuples et le néolibéralisme (La stratégie du choc – Actes Sud). Aujourd’hui, elle affronte les ressorts systémiques de la crise climatique, avec un nouveau livre, sorti fin 2014 aux États-Unis : Tout peut changer (Actes Sud/Lux. Le titre est plus catégorique, et plus frappant en anglais : This changes everything).
L’enjeu n’est pas du tout celui du storytelling à la manière des néo-conservateurs qui voulaient façonner le monde à l’image de leurs obsessions (voir Dreams = Re-imagining progressive politics in an age of fantasy, de Stephen Duncombe). C’est plutôt l’idée d’une contre-propagande au discours dominant sur l’absence d’alternative. Pour que l’espoir d’un autre monde germe dans les esprits, il ne suffit pas d‘accumuler des faits : il faut aussi un grand tableau général qui leur donne du sens, de manière à semer un peu d’espoir dans le cadre d’interprétation.
via www.mediapart.fr