Qu'est-ce que votre candidature signifie politiquement?
Un déclic.
Nous venons de franchir un seuil. La désignation d'un candidat commun à
la présidentielle est un choix puissant. Il y avait toutes les raisons
que l'on n'y arrive pas. Finalement, le vote des communistes la semaine
dernière était une très bonne idée. Moi, je voulais que ça se passe
pendant les cantonales de mars, pour faire de l'élection un sondage
grandeur nature.Mais le temps du débat pris en interne par le PCF a
permis de trancher clairement les questions posées. Et le résultat est
sans appel: oui à 96% au Front de gauche, et un choix éminemment
stratégique pour la candidature à la présidentielle, bien au-delà des
personnes. Les gens voient quand vous ergotez pendant des mois et que
vous n'arrivez pas à vous entendre. Et ils vous sanctionnent. Mais si
vous arrivez à vous entendre, alors vous avez un bonus. On a été
capables de rassembler notre camp, de devenir l'autre gauche unie!Nous
nous rapprochons du cœur de la gauche, à un moment où on va pouvoir
contester le leadership aux socialistes. Je ne vous parle pas de
sondages, mais des représentations et des symboles. Le meeting de
lancement ce mercredi, ce n'est pas un hasard s'il se tient place
«Stalingrad» métro «Jaurès». On va voir si on arrivera à effacer
complètement l'ancien tableau politique de la gauche. Il a bien déjà vu
disparaître Besancenot, dont l'épuisement du projet politique a
accompagné l'épuisement personnel, et Strauss-Kahn. Là, ce n'était pas
prévu mais cela montre qu'il est difficile de tenir un cap quand on est
travaillé par une faille personnelle. C'est aussi cela l'heure des
caractères. Nous ne sommes pas dans une période d'alternance à la papa.
Le temps de l'atomisation à la gauche du PS actuel est terminé. Nous
pouvons devenir les premiers, dans un moment historique terrible.En quoi est-ce un «moment terrible»?
A cause du contexte. L'Europe est en train de trébucher. A Bruxelles, le Parlement continue à mouliner des phrases creuses sur les déficits excessifs. Le paquet de gouvernance qu'ils veulent imposer, c'est le passage à un fédéralisme autoritaire. Ils nous resservent la théorie de la souveraineté limitée à la Brejnev! Les récalcitrants ne verront pas de chars mais leur pays sera pillé jusqu'à l'os. Regardez ce qui se passe avec la Grèce. Ils ne veulent pas voir qu'on est au bout du système. Mais bientôt, il va falloir constater définitivement l'impasse. Cette attitude aveuglée fait partie de la frivolité habituelle des dominants dans les périodes pré-révolutionnaires. Mais déjà, pour la première fois au Parlement, le PSE n'a pas voté avec la droite. Donc la faille est dans le mur.
Quelle est le plan d'un président Mélenchon pour régler la situation en Grèce, en tenant compte du fait que la majorité de l'Union européenne est largement à droite?
Le plan est le même depuis le début: que la BCE rachète la dette de la Grèce. Si on l'avait fait dès le début, on n'en serait pas là, et on n'en serait pas à le faire en cachette sur le second marché, au tarif auquel les banques la vendent! Si nous étions au pouvoir, on l'imposerait. Il y aurait de l'inflation? Très bien. Une dévaluation de l'euro par rapport au dollar, où est le problème? Un euro à 0,88 dollar? On l'a déjà eu et ça allait bien! Ce ne serait ni la faillite ni la décadence! Il faut cesser de dire qu'il n'y a pas de solutions.
Enfin, si la France était dirigée par le Front de gauche, il y aurait aussi un changement de ton. Il y a les Allemands, d'accord. Mais il y a aussi les Français. Notre Europe bénéficiera d'un «opt-out» sur les services publics, le même dont bénéficient les Anglais qui conservent leur monnaie. On pourrait aussi commencer à discuter de mesures protectionnistes au niveau européen. Il y a plein de choses à faire, à c
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