MAM et Ollier, symboles d’une République pleine de reproches | Rue89

Cela fait près de deux mois que la France n'a plus de ministre des Affaires étrangères. Deux mois que la titulaire théorique du poste lutte pour sa survie politique face à une accablante série de révélations, plus calamiteuses les une que les autres, qui entament sa crédibilité personnelle et, nécessairement, celle de la France.

Ce vendredi encore, alors que la Libye est en train de vivre des heures cruciales, la ministre était sur France Info pour défendre son honneur perdu, et publie un texte dans Le Monde, pour voler au secours de celui de la diplomatie de Nicolas Sarkozy face à la fronde de ses propres diplomates.

Le problème est qu'elle répond sur tout sauf sur l'essentiel. « Il n'y a eu aucune action illégale, fautive », explique la ministre, interrogée sur ses aventures en terre tunisienne.

Mais l'action d'un membre du gouvernement ne s'évalue pas uniquement à l'aune légale, mais aussi politique et éthique, et, de ce point de vue, le bilan est accablant. Il va nécessairement coûter son poste à Michèle Alliot-Marie, devenue un boulet pour un pays qui a nécessairement besoin de reconquérir un territoire diplomatique perdu.

MAM a commis une triple faute :

  • elle s'est compromise avec un membre du premier cercle d'un dictateur qui a eu le malheur d'être renversé peu après son passage ;
  • elle l'a fait alors que les troubles avaient déjà commencé dans le pays, et elle a menti à plusieurs reprises sur la chronologie et le déroulement des faits ;
  • elle a caché le conflit d'intérêt dans lequel l'a placée ce voyage en compagnie de ses parents qui étaient en affaire avec l'individu en question, et ne l'a reconnu qu'à la suite de révélations de presse.

Ce contexte explique qu'elle ait été aveugle à la situation dans ce pays au point de faire, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, cette offre impensable d'aide sécuritaire à une dictature contestée par une population désarmée.

Alliot-Marie au Brésil pour éviter des « dégage ! » à Tunis

Comme si cela ne suffisait pas, le compagnon dans la vie, dans ce voyage tunisien, et au sein du gouvernement, de Michèle Alliot-Marie, Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, se trouve à son tour embarqué dans le train des compromissions, des mensonges, et des justifications le dos au mur.

Cette fois, c'est de Libye qu'il s'agit, et de ses relations avec celui qui l'appelait son « frère », le colonel Mouammar Kadhafi : un homme qui est plus proche aujourd'hui de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité que de lire les œuvres de Montesquieu que Patrick Ollier se vantait de lui avoir fait découvrir en 2007.

Pendant que Michèle Alliot-Marie se défend avec la plus grande énergie pour sauver son poste, Patrick Ollier en fait de même pour sauver le sien. Sur Public Sénat cette semaine, il s'est livré à un exercice d'autojustification moins arrogant que ses rodomontades de 2007 contre ceux qui avaient protesté contre le faste de la visite de Kadhafi en France, minimisant son rôle là où il se vantait alors de ses excellentes relations avec un homme « qui a changé » disait-il alors.

Le parcours croisé

via www.rue89.com

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x