Mafate, cirque à l’ancienne – Libération

Tisanes de géranium

Pour pénétrer dans cet univers, une constante : marcher au minimum deux heures, sans craindre les dénivelés avant d’atteindre un îlet. Reste à choisir l’une des multiples portes d’entrée du cirque. Tomber dans Mafate depuis l’ouest ? Du belvédère du Maïdo, 1 000 m au-dessus de la cuvette, après une descente éprouvante de près de trois heures, on débouche sur Roche-Plate et une vue à couper le souffle sur les îlets des Lataniers et des Orangers, qui émergent d’un défilé escarpé. Des bananiers et des néfliers poussent entre les rochers. Dans les cases en tôle, des pages de magazines font office de tapisserie.

Mériter Mafate depuis le sud ? Il faut suivre les lacets du cirque de Cilaos, accessible en voiture, puis gravir le col ardu du Taïbit. On arrive alors sur Marla, ses chèvres sauvages, son élevage de cerfs. Près de quatre heures d’efforts, avec une pause indispensable aux Trois-Salazes. Le doux Ian Winkless et la famille Hoarau restaurent un îlet abandonné, servent des tisanes de géranium et promeuvent le «tourisme participatif». Neuf-Neuf, le cochon noir, mange les restes du civet de canard.

Cahoter jusqu’à Mafate depuis le nord ? Un «taxiteur» remonte la rivière des Galets, qui creuse le cirque chaque année davantage, jusqu’à Deux-Bras, où la piste disparaît. Le taxiteur André Robert repère des fruits violets, des zanblons. «Gamin, j’en mangeais à devenir soûl», sourit-il au volant de son 4 x 4. A partir de là, crapahuter durant deux heures et demie pour découvrir Aurère, «la bonne terre», ou Cayenne et ses murets d’où débordent des orchidées.

Passage à gué

Flirter avec Mafate depuis l’est ? La voie la plus empruntée passe par le troisième cirque de l’île, Salazie. Au col des Bœufs, un gardien surveille le parking, point de départ de la balade. La plaine des Tamarins invite à la flânerie, forêt moussue digne des aventures de Tolkien, chaos sylvestre aux branches tordues d’où pendent des «barbes-de-saint-Antoine». Le temps d’une autre suée, La Nouvelle s’offre au promeneur. La «capitale» du cirque abrite 160 âmes. Une petite église en bois, une boulangerie en dur, de nombreux gîtes peints de couleurs vives, l’eau chaude pour les douches grâce aux panneaux solaires… Malgré les téléphones portables et les paraboles, la vie se déroule au rythme du soleil. On se lève grand matin, on se couche très tôt.

Accroupie dans le «boucan», une cahute en tôle enfumée, Marie-Claude surveille le feu de bois. Du plafond pendent épis de maïs et saucisses fripées. Dans la marmite noire, un cari poulet mijote. «Le goût est meilleur qu’avec le gaz», assure la cuisinière de Cayenne. Plus loin, le passage à gué de ravines – où l’on peut se baigner avec frissons – et une passerelle méta

via www.liberation.fr

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