Le 13 juillet 2010, la Cour d'Appel de Limoges,
saisie par deux petits-enfants de Louis Renault
(sur huit), Hélène Renault-Dingli et
Louis Renault, a condamné le « Centre de la mémoire » d'Oradour-sur-Glane
(Haute-Vienne) à payer 2.000 euros aux plaignants. Elle a
également exigé que fût retirée de l'exposition
permanente (depuis 1999) une photo de
l'industriel, entouré d'Hitler et Göring,
leur montrant une Juvaquatre au salon de l'auto de Berlin de [février] 1939,
avec cette légende : « Louis Renault
présente un prototype à Hitler et
Göring à Berlin en 1938 (sic) […] Louis Renault
fabriqua des chars pour la Wehrmacht. Renault sera nationalisé à la
Libération. » Définir Louis Renault « "comme l'incarnation de la collaboration industrielle" » au
moyen « d'une photo
anachronique » dont la légende
lui impute une « inexacte activité de fabrication de chars »
constituerait une « véritable dénaturation des faits […D]ans un contexte
de préparation du visiteur à la découverte brutale des atrocités commises le 10
juin 1944 par les nazis de la division Waffen SS
das Reich, [ceci] ne peut manquer de créer un lien
historiquement infondé entre le rôle de Louis Renault
pendant l'Occupation et les cruautés
dont furent victimes les habitants
d'Oradour-sur-Glane" »[1].
Le Monde Magazine du 8 janvier 2011 se fait l'écho de cette thèse dans un dossier de 5 pages intitulé :
« Renault. La justice révise
les années noires ».Ainsi se précise à
l'occasion d'une initiative « familiale » la vaste entreprise de réhabilitation de Louis Renault,
et avec lui, du haut patronat français sous l'Occupation, relancée depuis les
années 1990 par plusieurs historiens
et publicistes[2]. Dans
la dernière de ces hagiographies (2009), Jean-Noël Mouret, qui « se partage
entre la communication
institutionnelle et les guides de voyage », a cloné une série caractérisée
par le recours aux témoignages postérieurs à l'Occupation jamais
confrontés aux sources originales contradictoires, par la négation du sens de celles-ci dans les rares cas où il en est fait usage et par la philippique contre un
PCF qui aurait été assoiffé de vengeance
contre le malheureux industriel depuis l'entre-deux-guerres,
et enfin capable de l'assouvir à la Libération : cette
pieuvre, étouffant l'appareil d'État dans ses tentacules,
plaçant partout ses pions, harcelant et manipulant ses partenaires gouvernementaux,
serait la responsable de l'injustice commise contre Louis Renault
‑ iniquité soulignant l'illégitimité de la nationalisation de ses usines[3]. Thomas Wieder, après avoir en une demi-colonne esquissé le « désaccord » séparant « les historiens » (travaux les plus critiques omis[4]),
accrédite la thèse « familiale » en
interviewant longuement « Laurent Dingli, historien »,
mari d'un(e) des deux plaignants, auteur d'un Louis Renault
(2000) auprès duquel l'hagiographie d'Emmanuel Chadeau (1998) fait figure
d'ouvrage critique[5].
Selon ce petit-fils par alliance de
Renault, docteur en histoire d'ordinaire voué au roman historique « moderne »
(Colbert en 1997, Robespierre en 2008), « jamais Louis Renault
n'a accepté de fabriquer ni de réparer des chars pour les Allemands »[6].Le Renault
d'avant-guerreLa Cour d'Appel de Limoges
reproche au « Centre » d'Oradour d'avoir donné à une
photo d'avant-guerre une légende
portant en partie sur l'Occupation
ou d'avoir choisi pour traiter de l'Occupation un document
antérieur à cette période. En dépit de la pertinence
de ce grief formel, le texte présentant
le Louis Re
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