Les socialistes espagnols incapables d’entendre les «Indignés» | Mediapart

A moins d'un an des élections générales, le bouillonnement à ciel ouvert du «mouvement du 15 mai» met au jour les failles béantes du parti socialiste espagnol (PSOE), piégé par les plans d'austérité à répétition qu'il a lui-même mis en place. La formation de José Luis Rodriguez Zapatero, au pouvoir depuis 2004, traverse une période de fortes turbulences internes, et semble incapable de renouer le dialogue avec une partie du peuple de gauche, qui hurle ces jours-ci son «indignation» sur les places du pays.

Alors que les campeurs de la place Puerta del Sol à Madrid rêvent d'une démocratie plus transparente et participative, les socialistes ont offert le spectacle, ces derniers jours, d'un parti traversé par des guerres d'appareil, peu soucieux d'articuler un début de réponse aux revendications des manifestants. Ils ont occupé l'entièreté de leur temps à régler la question de la succession de Zapatero à la tête du PSOE, sans jamais évoquer une éventuelle atténuation, sinon remise en cause, de la politique d'austérité qu'ils mènent.

Depuis que le chef du gouvernement a annoncé en avril sa décision de ne pas se présenter pour un troisième mandat, deux candidats à la candidature fourbissaient leurs armes dans l'ombre, en vue de primaires à suspens. D'un côté, Alfredo Pérez Rubalcaba, vieux routard du socialisme né en 1951, numéro deux de l'actuel gouvernement, considéré comme l'une des rares figures encore populaires au sein d'un PSOE sinistré. De l'autre, Carmen Chacón, la ministre de la défense née en 1971, censée incarner une nouvelle génération politique, peut-être mieux placée pour écouter le malaise de la jeunesse espagnole.

Alfredo Pérez Rubalcaba, lundi à Madrid.

Alfredo Pérez Rubalcaba, lundi à Madrid.© Andrea Comas/Reuters.

La défaite historique du PSOE, dimanche 22 mai, aux élections locales, a coupé court au duel, par knock-out. Dès le mardi suivant le scrutin, des barons socialistes acquis à Rubalcaba montent au créneau, proposant l'organisation d'un congrès resserré aux dirigeants, contre la tenue de primaires (ouvertes à l'ensemble des militants), pour choisir le prochain secrétaire général du parti.

Mais Zapatero s'accroche aux primaires et le parti tangue. Le jeudi, Chacón, sous pression, jette l'éponge, et dénonce des manœuvres mettant à mal la stabilité du parti. Le lendemain, Zapatero propose le nom de Rubalcaba pour lui succéder, lequel confirme, le 28, son intention d'y aller. En moins d'une semaine, les vieux caciques acquis à Rubalcaba, candidat «vintage» selon le journal Publico, ont dégonflé les primaires. Le processus de désignation du candidat socialiste devrait se terminer le 2 juillet. Les élections générales pourraient se tenir en avril 2012.  

via www.mediapart.fr

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