Difficile
d’empêcher Barack Obama de tendre le bras aux républicains; c’est ce qu’il
fait. Dans son discours du jeudi 8 septembre, il a tenté deux stratégies différentes. D’une
part, il leur a rappelé qu’ils avaient déjà soutenu des plans de relance dans
le passé. D’autre part, il a admis la bonne foi de leur opposition. «Je me rends désormais compte que certains
d’entre vous ont une idée différente de la manière dont il faut s’y prendre
pour stimuler la croissance», a-t-il déclaré. «Certains d’entre vous croient sincèrement que pour faire face à nos
défis économiques, il n’y a qu’une solution: tout simplement supprimer la plupart
des dépenses de l’Etat et des réglementations gouvernementales.»Une
rhétorique très efficace. Les républicains étaient visiblement mal à l’aise en
entendant le président leur demander de se comporter de manière raisonnable et
de l’aider à relancer l’économie. Si l’on en croit la réponse tempérée du président
de la Chambre des représentants, John Boehner, il est probable que certains
d’entre eux soutiennent au moins une partie de son plan de 447 milliards de
dollars censé stimuler l'économie chancelante. Ils accepteront peut-être sa
réduction des cotisations patronales, voire les dépenses d’infrastructure qu’il
propose.Mais
faut-il croire ce qu’a dit Barack Obama? Les Républicains pensent-ils
sincèrement que pour restaurer la croissance économique et lutter contre le chômage,
il faut moins de dépenses et moins de règlementation? Ou les démocrates ont-ils
raison de les soupçonner de vouloir maintenir l’économie aussi faible que
possible jusqu’à 2012 pour espérer battre Obama?L'efficacité des plans de relance
Nul
doute, la position républicaine actuelle est farfelue, économiquement parlant.
Ouvrez n’importe quel manuel de science économique, il vous expliquera que les
gouvernements réagissent aux récessions cycliques par des dépenses conduisant à
des déficits temporaires. Selon la théorie keynésienne,
encourager la demande globale permet de stimuler la croissance du PIB et de
réduire le chômage. Inversement, réduire les dépenses gouvernementales pendant
un ralentissement économique a tendance à empirer la situation. Une politique
de dépenses temporaires n’est certes pas toujours réalisable et supprimer les
dépenses gouvernementales n’a pas systématiquement cet effet pervers. Mais l’an
dernier, une étude exhaustive du Fonds
monétaire international a conclu que la «consolidation
fiscale» avait effectivement tendance à avoir un impact négatif sur le PIB
et l’emploi.C’est ce que vous diront la plupart des économistes,
y compris les plus conservateurs. Mark Zandi, économiste en chef de Moody’s et
conseiller économique de John McCain, estime que le plan de relance initié par Obama en 2009 a empêché le taux
de chômage de grimper de deux points de pourcentage supplémentaires. Selon lui,
les nouvelles propositions du président peuvent apporter 2% au PIB et 1,9 million d’emplois.
Si les économistes ne s’entendent pas sur l’effet multiplicateur précis des
différentes formes de dépenses gouvernementales, ils ne doutent pas de leur
efficacité. Il n’y a que les républicains pour prétendre que les mesure
via www.slate.fr