Les petits business des économistes médiatiques dévoilés dans un livre | Rue89 Eco

« Les Imposteurs de l’économie » (éd. Jean-Claude Gawsewitch) est un livre qui a été écrit pour éclabousser, un objectif réussi. Son auteur, Laurent Mauduit, journaliste économique et confondateur de Médiapart, s’en prend à une petite communauté jusque-là préservée des regards trop inquisiteurs : les économistes, du moins ceux qui vivent à Paris et sont des habitués des médias.

Laurent Mauduit montre au fil de son livre comment le monde de la finance « a réussi son OPA sur celui des économistes », tissant de nombreux liens avec ces derniers, et minant, selon lui, leur indépendance. L’auteur y voit une des raisons de la permanence de la pensée libérale et un accroc à la démocratie.

Un riche bestiaire des « imposteurs »

Mauduit (avec qui j’ai travaillé à Libération dans les années 90) n’accuse pas seulement ces experts de s’être trompés dans l’analyse de la récente crise : il leur reproche de participer, à leur façon, à une version hard du « capitalisme de connivence » (qu’il appelle « capitalisme poutinien ») : un système corrompu par les passe-droits, des privilèges et des conflits d’intérêts.

Publié chez l’éditeur Jean-Claude Gawsewitch, son livre se présente donc comme une partie de chamboule-tout : chacun en prend pour son grade. Dans le bestiaire des « imposteurs », on trouve :

  • l’expert, ou présenté comme tel, omniprésent sur les télévisions, qui dirige une société de Bourse pourtant sanctionnée à plusieurs reprises par l’Autorité des marchés financiers (AMF) (Marc Fiorentino, qui dirige Euroland Finance) ;
  • l’universitaire-businessman : membre du conseil scientifique de l’AMF, il est aussi membre du conseil de Vivéris Management, société d’investissement épinglée par la même Autorité… Il est administrateur de la Caisse des dépôts, du Crédit municipal de Paris, et président du conseil d’administration d’une banque d’affaires tunisienne, IM Bank… (Olivier Pastré) ;
  • l’économiste qui collectionne les jetons de présence dans les conseils d’administration ou de surveillance : Pages jaunes, EDF énergies nouvelles, Steria, etc. En 2010, il a touché, selon le calcul de Mauduit, 110 000 euros de jetons de présence, soit deux fois le salaire d’un prof en fin de carrière… (Elie Cohen) ;
  • l’économiste d’influence, touche-à-tout, conseillant indifféremment la droite et la gauche, pilier de la compagnie financière Edmond de Rothschild, participant à de très nombreux conseils dans la banque et l’assurance (Jean-Hervé Lorenzi) ;
  • le normalien brillant, essayiste à succès, pilier de l’école d’économie de Paris, qui, selon Mauduit, toucherait une rémunération située entre 1 et 2 millions d’euros par an pour ses conseils à la banque Lazard, notamment sur le traitement de la dette publique grecque (Daniel Cohen). Ce dernier dément la fourchette dans Le Nouvel Observateur : « Concernant mes rémunérations vous êtes dans un gros rapport de un à dix avec la réalité » ;
  • l’économiste ancré à gauche, que Mauduit vénérait jadis, et qui a fini par conseiller le ministre Eric Besson et même le « Centre Barilla [les spaghettis, oui] pour la nourriture et l’alimentation » (Jean-Paul Fitoussi).

via www.rue89.com

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