Le rapport provisoire sur les gaz de schiste vient d'être rendu public. Préconisant de ne pas enterrer cette technologie, il risque de ne pas calmer la contestation.
Le ton est technocratique et prudent mais le fond ne fait pas de doute : s'il est hors de question de suivre la méthode américaine, la fracturation hydraulique est trop prometteuse pour être abandonnée.
Les très officiels Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies (Cgiet) et Conseil général de l'environnement et du développement
durable (Cgedd) recommandent aux ministres Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson « un encadrement strict » de cette technologie mais la poursuite de « l'exploration ». Car « faire émerger des opérateurs nationaux » capables de prendre place sur le marché mondial est une priorité. En d'autres termes : ne pas manquer le train de la modernité, sans tomber dans les excès des Etats-Unis. (Télécharger la synthèse du rapport)Problème : comme le dit le communiqué de presse des deux ministres, le gouvernement soutient la proposition de loi visant à l'abandon de cette technologie. Déposée par l'UMP Christian Jacob, elle sera examinée le 10 mai. Soit avant le rapport final, remis pour le 31 mai…
Voici les points qu'il faudra retenir de cette mission d'inspection ; les conclusions de ce rapport provisoire pouvant être définitives.
Ne plus dire « gaz de schiste » mais « gaz et huiles de roche-mère »
Comme pour les éléments de langage chez les politiques, la terminologie employée par les experts n'est pas anodine.
C'est vrai que la traduction de l'anglais « shale gas » (un « shale » est schiste argileux) n'est pas parfaitement exacte, notamment parce qu'une confusion est possible avec la technique des schistes bitumineux, utilisée au Canada, et qui est différente (ils sont exploités en carrière et soumis à un traitement thermique).
Mais la mission se fait tatillonne lorsqu'elle rejette l'appellation « hydrocarbures non-conventionnels », au nom du fait que :
« Ce qui est “non-conventionnel” n'est pas la nature de l'hydrocarbure, mais la roche dans laquelle on les trouve et les conditions dans lesquelles ils sont retenus dans cette roche. »
Si l'on suit ces experts, il faut désormais parler d'« hydrocarbures de roche-mère ». Une expression un peu prude, qui vise à masquer la technique qui pose problème : la fracturation hydraulique. Car le rapport ne cache pas qu'il s'agit bien de « fracturer une roche non-poreuse pour extraire les huile
via www.rue89.com