«Il va mourir plus vite, en moins bonne condition et avec
malheureusement (…) des douleurs qui nécessiteront d'autres
médicaments dont je ne sais pas s'ils seront à (sa) disposition.
C'est dramatique, inacceptable.» La pédiatre Isabelle Kieffer a
de quoi être pessimiste. L'état d'Ardi, jeune Kosovar polyhandicapé
expulsé de l'Hexagone en 2010, s'aggrave (voir la vidéo ci-dessous,
réalisée par le comité de soutien). Et c'est justement pour
remédier à cette situation que l'adolescent vient d'obtenir un visa
pour la France. Un retour effectué le 28 juillet dernier, après
plus d'un an de bataille.Associations, voisinage et personnel soignant peuvent se réjouir!
Quinze mois après leur expulsion, Ardi Vrenezi, ses parents, sa
sœur et son frère sont revenus sur le sol français. Une décision
rare de la part de l'Etat français qui a agi en toute discrétion.
Aucune information n'a filtré. Les médias sont restés à l'écart.
Même l'hôpital Bon-Secours de Metz ne savait pas la date exacte de
l'arrivée du jeune Kosovar. A croire que le gouvernement n'aime pas
s'étendre sur ses erreurs.Car il s'agit bien d'une erreur de jugement. Pour Isabelle
Kieffer, il ne faut chercher «aucune bonté d'âme»
dans cette décision. Le gouvernement devait simplement réparer sa
«grosse faute» avant que l'affaire ne soit traînée devant
la justice. Richard Moyon, membre de Réseau éducation sans frontières (RESF),
va même plus loin, en parlant d'une
«gifle magistrale» prise par «la stasi et
la sarkozie».Aucune trace de mea culpa pourtant dans la justification du
ministère de l'intérieur: «Le retour en France d'Ardi Vrenezi a
été décidé, compte tenu de la volonté des autorités françaises
de s'assurer du respect par la famille du protocole de soins, pour
lequel certains manquements ont été relevés en dépit de l'accès
possible au traitement.» Des
«manquements» qui
ont bien failli coûter la vie à un jeune garçon.Comment expliquer un tel revirement ? Le documentaire
L'Immigration aux frontières du droit y est sûrement pour quelque chose. Réalisé
par Manon Loizeau et diffusé en juin dernier sur Canal Plus, il met
des images sur les dires du comité de soutien. L'aggravation de
l'état d'Ardi y apparaît bien réelle et entraîne une mobilisation au niveau
national.Le rôle des associations doit aussi être pris en compte. Depuis le début, Jean-Marie Barbier, président de l'Association
des paralysés de France (APF), est convaincu que la décision d'un
possible retour en France dépend du plus haut niveau. C'est
pourquoi il fait appel à ses contacts dans les différents
ministères et va jusqu'à remettre, le 8 juin 2011, une lettre en
main propre à Nicolas Sarkozy. Mais les semaines passent et toujours
rien. «On sait que le circuit de décision est long mais quand
c'est la santé de quelqu'un qui est en jeu, ce n'est pas
raisonnable, pour ne pas dire plus!», déplore Jean-Marie
Barbier.Pourtant, la machine politique est en marche. Le
7 juillet, le Conseil régional d'Ile-de-France déploie une
banderole sur ses grilles pour réclamer le retour de l'adolescent.
C'est ensuite le Conseil municipal de Paris qui vote un vœu
en faveur d'Ardi. Quelques jours plus tard, la nouvelle tombe: le jeune Kosovar
et ses parents viennent d'obtenir des
via www.mediapart.fr