Le flagrant calvaire de Marina – Libération

C’est une petite fille blonde, assise sur un siège de bureau. Elle a 7 ans, en paraît 5. En jupe blanche et tee-shirt rose, elle sourit, ses pieds battant l’air. – «Ça se passe bien à la maison ?

– Oui.

– Et à l’école ?

– Oui, oui.»

Hier, la cour d’assises du Mans (Sarthe) a visionné la vidéo d’une audition de Marina Sabatier de juillet 2008, réalisée après un signalement pour maltraitances. Projetés sur un mur de la salle d’audience, la fillette et deux gendarmes qui trouvent «quand même bizarres tous ces bobos». «Et sur le dos ? Et sur le ventre ? Et sur les bras ? Et sur la bouche ?» «Je suis tombée», répond l’enfant de sa voix flûtée. «Dis donc, toi, tu es une sacrée cascadeuse !» finit par souffler la gendarme. Alors éclate le rire de Marina, un rire soulagé, qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Après cette audition, malgré le corps couvert de cicatrices de l’enfant, la justice a classé sans suite l’enquête.

Un an plus tard, le 6 août 2009, Marina est morte des tortures répétées que lui faisaient subir ses parents, Virginie Darras et Eric Sabatier. Depuis lundi, et jusqu’au 27 juin, ils se tiennent dans le box des accusés. Ils reconnaissent les faits à voix basse, tout en en éludant le maximum. Ils avaient une vie «normale», lui déménageur, elle au foyer, des revenus corrects. Ils s’expriment bien, n’ont pas de pathologie mentale. Ils ont élevé quatre autres enfants, qui n’ont pas été maltraités.

Barre en fer. On ne peut pas écrire toutes les tortures qu’a subies Marina. Il y en a trop, et l’horreur est si grande que presque personne ne lirait jusqu’au bout. Il faut pourtant en dire un peu, ne pas nier encore une fois son calvaire. Dire les coups de pied, de poing, de latte, de barre en fer, de ceinture ; les nuits entières toute nue dans la cave ; les séquences de plusieurs journées sans nourriture, sanglée par du gros scotch à son lit ; la tête sous l’eau dans la baignoire glacée ; l’après-midi à courir, pieds nus, sur un sol abrasif une lourde charge sur le dos ; le vinaigre, le gros sel ou le vomi à avaler. Dire, surtout, que Marina couverte de ses plaies suintantes, le visage si bouffi par les coups qu’elle ouvrait à peine les yeux, les jambes et les mains déformées, a croisé, tous les jours, de ses 2 ans à ses 8 ans, des voisins, des proches, des enseignants, des médecins, des assistantes sociales. La plupart n’ont rien fait. Quelques-uns ont agi. D’autres ont été pires que défaillants. Aucun ne l’a sauvée.

La famille, d’abord. Ce sont eux que le président de la cour d’assises a souhaité entendre en premier. Le précédent compagnon de Virginie Darras répète qu’il ne se souvient pas de Marina, née en février 2001. Il a pourtant côtoyé étroitement le couple, jusqu’en 2004. Ils ont même fait ménage à trois. Mais non, rien à faire, il ne la voit pas. Arrive ensuite un beau-frère, qui n’a pas non plus souvenir de l’enfant, obsédé par les reproches qu’il fait aux parents (lui «menteur», elle «nymphomane»). Puis une sœur de Virginie. Elle se souvient d’une nuit où Marina «a pleuré, gémi. Elle disait : "Papa et Maman me tapent." Moi ça ne m’a pas fait tilt.» Une autre sœur a vu Virginie gifler Marina violemment. «Mon compagnon lui a dit : "Tu ne fais plus ça devant nous."»

La mère de Virginie témoigne par visioconférence, elle n’a pas voulu se déplacer. Elle se souvient de la façon dont Marina se jetait sur la nourriture, de ses «griffures au visage», de ses «hématomes» et de ses confidences : «Maman est méchante.» «D’abord, je n’ai pas pris ça au sérieux», dit-elle. Jusqu’au jour où sa quatrième fille, Julie, passe quelques jours chez Eric et Virginie, en 2004. Ils habitent alors Nanterre, avant de nombreux déménagements dans

via www.liberation.fr

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moustik2
moustik2
13 années il y a

« tu ne fais plus cela devant nous » on ne veut pas voir , l autiste le dit c est une normalité artificielle superficielle ,la perversité est abominable ,les normaux entendent mais n écoute pas ,ils sont structuré par un mode de pensée laxiste ,leur subtilité de language nie inconsciemment ce qui n est pas conforme à leur éxistence ,ils parlent interactivité social mais ce qui est flagrant ne leur gréve pas les yeux , c est térrible d étre aussi « civilisé » et d atteindre le paroxisme de la médiocroté humaine

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