Le Cellograff, art graffiti nouveau du street art| Rue89

Liberté, variabilité, difficulté

« Là, ce sera nickel. » Ils s'arrêtent à proximité d'une rangée d'arbres. Kanos pose l'énorme rouleau de cellophane qu'il tenait sous le bras, tandis qu'Astro sort des bombes de peinture de leurs sacs à dos.

Les deux comparses se mettent alors à l'œuvre. Ils déroulent le cellophane géant, l'enroulent autour d'un premier tronc d'arbre. L'étendent sur une quinzaine de mètres, jusqu'à un second tronc. Et renouvèlent l'opération. Astro, l'air malicieux :

« Il y a un quart d'heure, il n'y avait pas de mur, juste un rouleau. Maintenant, voilà, il y en a un. »

Kanos déroule le cellophane, sur les quais de Seine (Sarah Nuyten).

L'étrange bandage appliqué, le boulot d'artiste commence. L'un part à gauche, l'autre à droite. Chacun leur espace, chacun leur style. Pour Astro, pas besoin de modèle, « tout est dans la tête, c'est quelque chose qu'on bosse chaque jour, en soi ». Kanos, lui, s'attaque à une scène figurative, croquée au préalable sur un bout de papier.

Kanos commence à "graffer" son esquisse (Sarah Nuyten).

En cette matinée d'hiver, un vent glacial fait onduler la surface transparente. A peine bombées, les lignes se disjoignent. Kanos :

« Ça, c'est un souci qu'on aurait jamais sur un vrai mur. Un manque de précision, lié au fait que la surface est mouvante, mais aussi moins lisse qu'un mur, plus rugueuse. »

En contrepartie, le mur naît d'un rien, n'importe où : « Il n'est plus fixe, il est où on le veut », ajoute Astro, sans quitter la toile translucide du regard. « Du coup, on peut amener le graff partout. » Partout, comme sur ce quai de Seine, tout près de Notre-dame. Astro s'interrompt un instant, recule, observe son esquisse, et poursuit :

« En temps normal, graffer ici, c'est impossible. Quand on utilise le cello, c'est différent. Les keufs passent, regardent, mais ne disent rien. »

Graff citoyen

Pendant trois heures, les deux graffeurs peignent, et les passants défilent. Tous ont un regard pour l'étrange surface. Un couple d'une soixantaine d'années s'attarde devant cette toile éphèmère :

« C'est bien, c'est vraiment très beau et au moins, vous ne faites pas ça sur les murs ! »

Astro et Kanos échangent un sourire. Ce genre de remarques, il s'y sont habitués. Astro :

« C'est aussi l'intérêt du cello. Ça permet de graffer dans les endroits les plus inaccessibles, tout en montrant aux passants que ce n'est pas qu'une démarche vandale. »

Astro au premier plan "graffe" lui de mémoire (Sarah Nuyten).

Alors que les deux dessins prennent forme, une femme passe, tenant par la main un blondinet haut comme trois pommes. Les yeux de l'enfant se posent sur le mur transparent, interrogateurs. Il lâche sa mère, court vers la surface ten

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