Le chroniqueur esclavagiste du Monde a encore frappé. Dans l’édition du 5 novembre Arnaud Leparmentier explique à ses lecteurs, qu’il doit prendre pour des benêts, que la France aurait tout essayé contre le chômage, «sauf ce qui marche». Ce qui marche, il est allé le chercher chez « nos voisins européens». Eux « se sont attaqués aux sujets qui faisaient mal. Et cela paie. La fameuse courbe s’est inversée en Allemagne dès 2008, au Royaume Uni depuis 2012. Même les pays du Sud se redressent : en Espagne, Mariano Rajov affiche plus de 500.000 emplois créés en un an, tandis qu’en Italie Mateo Renzi en annonce 320.000 depuis le début de l’année», écrit-il.
Comment ont-ils fait ? « L’exemple espagnol est radical : les salaires ont été réduits, et l’industrie repart. Les Allemands, eux, ont créé un système dual très inégalitaire: ils ont imposé des salaires très faibles dans les services pour aider l’industrie, qui paie cher sa main d’œuvre qualifiée, à être compétitive », explique le larbin du MEDEF. Il se garde toutefois de dire que ce pays utilise massivement des « travailleurs détachés », d’Europe centrale avec les très faibles charges sociales du pays d’origine. L’honnêteté intellectuelle a ses limites pour qui veut démontrer qu’il n’y a point de salut pour l’emploi en France sans une surexploitation des hommes et des femmes qui travaillent.
Jusqu’où peut aller cette exploitation et quelles seraient ses conséquences en France dès lors que les patrons et le gouvernement iraient encore plus loin dans leur volonté de sous-rémunérer le travail créateur de richesses ? Arnaud Leparmentier occulte la question. Il aurait pourtant pu se servir d’une étude de l’INSEE publiée le 4 novembre(1) juste avant la publication de sa chronique. Elle révèle que, dans les quinze pays qui composaient l’Union européenne avant l’élargissement aux pays d’Europe centrale, on comptait, en 2011, 29 millions de travailleurs économiquement précaires, soit 18% de la population active de ces pays, tandis que 30% de ces travailleurs précaires sont aussi des travailleurs pauvres. Elle indique aussi que c’est notamment en Allemagne et au Royaume Uni « que le phénomène est le plus fréquent ».
Les lecteurs du Monde doivent-ils soutenir ce que propose Leparmentier pour les travailleurs en France ? Ne devraient-ils pas plutôt éviter de dépenser 2,20€ dans l’achat de ce quotidien un jour par semaine, celui où paraît la chronique de l’esclavagiste de service ? Car en France, une autre étude de l’INSEE publiée le même jour dans le même document (1) nous indique que « six ménages sur dix » se sentaient « peu à l’aise financièrement en 2011 et que « 70% des ménages qui se sentent en difficulté financièrement ont vu leur situation se détériorer » dans les cinq années précédant cette enquête. Laquelle indique aussi que « les deux postes de consommation des ménages se sentant en difficulté financièrement sont le logement et l’alimentation qui représentent respectivement19% et 18% de leur budget » , tandis que « les transports représentent le troisième poste de dépenses de ces ménages avec 14% ». Ainsi donc, avoir un toit pour dormir, pouvoir manger afin d’avoir la force de travailler et pouvoir se déplacer afin de se rendre sur son lieu de travail pompe 51% des ressources des 60% de ménages qui ne sont pas à l’aise financièrement. Pas étonnant que certains travailleurs pauvres dorment dans leur voiture faute de pouvoir payer un loyer.
Faut-il alors prendre pour parole d’évangile les propos de l’enfant de cœur qui parle d’économie aux lecteurs du Monde en récitant le catéchisme que lui a en
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