Le cas Hollande – Page 2 | Mediapart

Avec François Hollande, même les rendez-vous les plus prévisibles s’épuisent rapidement comme si cette présidence, décidément, avait le souffle court et l’imaginaire pauvre. La séquence mémorielle et internationale, celle des commémorations du 6 juin 1944, où il s’est affiché en hôte du monde, n’aura duré que l’espace d’un week-end de la Pentecôte. Sans doute parce que, enfermé dans sa bulle présidentielle, il s’est convaincu qu’un passé figé parle d’évidence pour un présent mouvant, incertain et embrumé. Or, pour en dissiper les brouillards, les lumières du passé ne seront d’aucun secours sans clarté sur le futur promis. 

Au lieu de quoi, cette présidence propose un tête-à-queue incessant où elle fait perdre toute boussole à la gauche dont elle est issue, la privant en quelque sorte de sens de l’orientation, autrement dit s’entêtant à la désorienter. Alors même qu’elle fait face à des mouvements sociaux prévisibles et annoncés, ceux des intermittents et des cheminots qui la mettent en porte à faux par rapport à ses engagements passés et à son assise sociale, la voici qui se signale aux siens par deux décisions symboliques proprement inimaginables.

« Mon véritable adversaire, c’est la finance », avait déclaré le candidat Hollande. Et, donc, mardi 10 juin, il nomme comme conseillère à l’Elysée une économiste fort libérale, Laurence Boone, qui officiait jusque là au sein de la deuxième plus grande banque outre-Atlantique, la Bank of America. « C’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France », déclarait encore le candidat Hollande, dans le même discours du Bourget du 22 janvier 2012. Et, donc, jeudi 12 juin, il propose la nomination au poste essentiel de Défenseur des droits d’un vieux routier du chiraquisme, symbole de l’entre soi d’une classe politique rétive au renouvellement, Jacques Toubon, 73 ans le 29 juin prochain, lequel terminerait son mandat de six ans dans sa quatre-vingtième année s’il était effectivement désigné.

« J’ai des inclinations à gauche », a confié au Monde la nouvelle conseillère élyséenne. La précision est importante tant on ne s’en était pas aperçu à lire, dans le quotidien libéral L’Opinion, les chroniques de cette publiciste des vulgates économiques les plus conformistes et les moins progressistes. Hostile à la régulation des banques, Laurence Boone qualifiait même, le 26 mai dernier, soit seulement deux semaines avant sa nomination, de « massacre » la politique économique du pouvoir, malgré tous les efforts de ce dernier pour séduire le patronat au risque de désespérer les salariés. « Les choix de politique économique sont quasiment inexistants, écrivait-elle. La déclaration de politique générale de Manuel Valls l'annonçait : c'est un programme qui ne vise ni à soutenir la demande à court terme, ni à élever le potentiel de croissance de long terme. »

Jacques Toubon avec Jean Tibéri, en 1997. Jacques Toubon avec Jean Tibéri, en 1997. © Reuters

Si Jaques Toubon s’est fait plus discret – encore qu’il aurait carrément

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x