Pour les syndicats de
magistrats et de personnels pénitentiaires, il en va tout autrement. Lassés (quand ils ne sont pas furieux) d'être désignés à
la vindicte populaire, alors qu'ils travaillent dans des conditions très
difficiles, ceux-ci ont des arguments à faire entendre. Ainsi, les juges de
l'application des peines (JAP) du tribunal de Nantes avaient averti leur
hiérarchie que l'absence, depuis un an, d'un quatrième collègue, les obligeait
à faire des choix de priorités dans le suivi des détenus libérés.Dans deux
rapports, le 19 janvier puis le 22 octobre 2010, ils écrivaient
notamment: «Notre situation est à ce jour extrêmement préoccupante.
Nous sommes inquiets.» Ils alertaient clairement leurs supérieurs: «Ce choix, fait après
mûre réflexion, induit inévitablement une insatisfaction professionnelle. Il
nous semble être un leurre de croire et de faire croire que nous pouvons, à
trois, gérer de façon consciencieuse et responsable l'intégralité des mesures
relevant du service de l'application des peines de Nantes. Nous souhaitons
ardemment que cette situation cesse le plus rapidement possible.»De son côté, le directeur du
Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) faisait savoir, par un
courrier du 24 mai 2010 au tribunal de Nantes, que compte tenu du manque
d'effectifs, il n'était pas en mesure de traiter l'ensemble des dossiers qui
lui étaient affectés.Aujourd'hui, Mediapart publie trois autres
documents, inédits à ce jour, qui permettent d'éclairer le manque criant de
moyens de ces services, et montrent surtout que la hiérarchie et le ministère
de la justice étaient parfaitement informés du problème et de ses conséquences
(pour lire ces trois documents, aller dans l'onglet Prolonger de cet article).
via www.mediapart.fr
