La sixième extinction massive d’espèces vivantes a commencé : c’est le cri d’alarme que lancent les auteurs d’une étude publiée dans la revue américaine Science Advances. À cinq reprises depuis 450 millions d’années, des catastrophes naturelles ont effacé la plupart des formes vivantes de la surface du globe.
Lynx ibérique ou lynx pardelle (Lynx pardinus) © A.Rivas/UICN
Au permien, il y a 250 millions d’années, un énorme événement volcanique a entraîné la disparition de 95 % des espèces marines et terrestres. Il y a 65 millions d’années, la fin des dinosaures a été provoquée par la chute d’une météorite associée à des facteurs climatiques. Aujourd’hui, affirment les chercheurs, la Terre est à nouveau en train de perdre ses animaux à grande vitesse : les espèces de vertébrés s’éteignent à un rythme de vingt à cinquante fois plus rapide qu’avant l’apparition de l’homme, voire cent fois plus rapide pour certains groupes comme les amphibiens (crapauds, grenouilles et salamandres). À ce train, la plupart des formes vivantes pourraient avoir disparu de la planète d’ici 500 à 10 000 ans, un clin d’œil à l’échelle des temps géologiques.
Cette fois, la cause de l’hécatombe n’est pas naturelle, c’est l’expansion d’une espèce devenue un agent majeur de transformation de l’environnement : la nôtre. « Notre société globale a commencé à détruire les autres espèces à un rythme accéléré, déclenchant un événement d’extinction de masse sans parallèle depuis 65 millions d’années », lit-on dans l’article de Science Advances. Pour l’un des coauteurs, Paul Ehrlich, professeur à l’université Stanford, Californie, l’étude « montre sans aucun doute sérieux que nous entrons maintenant dans le sixième grand événement d’extinction de masse ». Gerardo Ceballos, professeur à l’université nationale autonome du Mexique, et premier auteur de l’article, renchérit : « Si l’on laisse les événements suivre leur cours, il faudra de nombreux millions d’années pour que la vie reprenne le dessus, et notre espèce elle-même va probablement disparaître. »
Catastrophisme ? Exagération de chercheurs « hystériques », comme le soutient le blog Science 2.0, qui rappelle qu’Ehrlich s’est fait connaître en 1968 par un best-seller, La Bombe P (pour population) qui annonçait une prochaine famine mondiale due à l’expansion démographique ? Gerardo Ceballos et ses collègues s’en défendent, et assurent au contraire que leurs conclusions reposent sur des hypothèses prudentes.
Il faut souligner qu’ils ne sont pas les premiers à soulever le lièvre de la sixième extinction de masse. Dès 1995, le paléontologue Richard Leakey et l’anthropologue Roger Lewin consacrent un livre, La Sixième Extinction, à la destruction des espèces causée par l’homme
via www.mediapart.fr