Des vents d'air frais, venus d'Islande et des pays arabes, soufflent sur une Espagne ravagée par la crise économique. A quelques heures d'élections locales qui s'annoncent difficiles pour le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, des dizaines de milliers de jeunes «indignés» se rassemblent, chaque jour, sur la place de leur ville, pour crier leur rejet de la classe politique espagnole, qu'ils jugent corrompue et incompétente.
Le mouvement très hétéroclite, né le 15 mai dernier (d'où son surnom de movimiento 15-M), exhorte à mettre en place une «¡democracia real ya!» – «une vraie démocratie maintenant!». La «spanish revolution» est en marche, pour reprendre l'un des hashtags les plus prisés sur le réseau Twitter, et son manifeste est déjà en ligne.
A en croire le site toma la plaza («occupe la place»), qui répertorie ces actions, et revendique l'«esprit de la place Tahrir» du Caire, le phénomène touche près d'une trentaine de villes d'Espagne. A Madrid, où la contestation est la plus vive, des milliers d'entre eux se sont emparés de la Puerta del Sol, cœur politique et touristique de la capitale (voir ici une galerie de photos du «campement»). «Nous sommes des chômeurs, des mileuristas (ces salariés qui ne gagnent pas plus de mille euros par mois – ndlr), des femmes au foyer ou des migrants», a résumé l'un d'eux mardi, lors d'un discours à la foule, selon le compte-rendu du quotidien El Pais. «La classe politique vit loin des citoyens. Nous exerçons notre droit à nous indigner.» Et à prôner les vertus de la démocratie participative et horizontale:
Ils se disent «indignés», en référence au best-seller Indignez-vous!, de l'incontournable Stéphane Hessel – qui vient d'être traduit aux éditions Destino, et connaît un vif succès aussi de l'autre côté des Pyrénées (¡Indignaos!). «Qui a dit que la jeunesse était endormie?», lâche Pablo Gomez, un biologiste au chômage, membre d'une association d'universitaires précaires (precarios.org), qu'El Pais décrit comme l'une des porte-voix de cette «génération sacrifiée» par la crise.
Le taux de chômage dépasse les 20% en Espagne. Et s'envole à plus de 40% pour les moins de 25 ans. Au même moment, l'austérité mise en place par le gouvernement, pour réduire à toute vitesse la dette du pays conformément aux injonctions des marchés financiers, de Bruxelles et du Fonds monétaire international, défait un à un les filets de la sécurité sociale… C'est «une jeunesse sans avenir» qui s'empare de la rue, selon le nom d'une des plateformes aux avant-postes de la contestation, c'est-à-dire «sans maison, sans boulot, sans retraite, s
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