ela se sait peu, mais les mathématiques françaises ont la réputation d’être parmi les meilleures du monde. John Ball, professeur à l’université d’Oxford, estime dans un point de vue récent que la France « occupe peut-être le second rang, devancée seulement par les États-Unis, voire le tout premier si l’on se rapporte à la taille de sa population ». Un classement établi par Science Watch, émanation de l'agence de presse canadienne Thomson Reuters, situe la France à la deuxième place mondiale pour les mathématiques sur la décennie 1998-2008, juste après les États-Unis, et à la troisième en 2011, la Chine s’étant intercalée entre les deux leaders précédents.
Si l’on se réfère au palmarès de la médaille Fields, la plus haute récompense en mathématiques, la France n’est devancée que par les États-Unis, et de justesse. Considérée comme l’équivalent du prix Nobel (qui n’existe pas dans la discipline), la médaille Fields consacre, à chaque édition, entre deux et quatre lauréats, qui doivent être âgés de moins de quarante ans. Elle a été attribuée pour la première fois en 1936, puis tous les quatre ans à partir de 1950. Sur 52 lauréats au total, on compte onze Français (l’un d’eux, Alexandre Grothendieck, apatride mais vivant en France lorsqu’il a obtenu la récompense, en 1966, a été naturalisé en 1971). Les États-Unis ont fait à peine mieux, avec douze lauréats, et un effectif de mathématiciens professionnels cinq à dix fois supérieur.
Cédric Villani reçoit la médaille Fields en 2010 à Hyderabad, en Inde © Reuters/Stringer/india
Les prochaines médailles Fields seront annoncées lors du Congrès international des mathématiciens (ICM), qui doit s’ouvrir le 13 août 2014 à Séoul. Des milliers de spécialistes du monde entier assisteront à des conférences sur les développements récents des mathématiques, depuis les domaines les plus abstraits de l’algèbre et de la théorie des nombres jusqu’aux équations qui permettent de décrire les tourbillons océaniques ou la croissance d’une tumeur cancéreuse. Ce congrès, la plus importante manifestation de la discipline, se tient tous les quatre ans depuis 1900 (le premier a eu lieu en 1897 à Zurich). Selon des rumeurs qui circulent sur Internet, sans fondement fiable mais qui expriment le sentiment d’un certain nombre de mathématiciens, la France pourrait enrichir son palmarès en 2014. Signe des temps : les pronostics mentionnent des noms de mathématiciennes (pas seulement françaises), alors qu’aucune femme n’a été couronnée jusqu’ici.
En 2010, le congrès s’est tenu à Hyderabad, au sud de l’Inde. Il y a eu quatre médaillés Fields, dont deux Français, Ngo Bau Chau (qui est aussi vietnamien) et Cédric Villani, aux styles et aux domaines de recherche très différents. Le premier a démontré un « lemme fond
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