Cher à David Cameron, le projet de Big society («la Grande société»), qui consiste à transférer des compétences de l'Etat vers la société civile, est mis à mal par les coupes budgétaires qu'il a lui-même décidé de faire. Selon le site False Economy (Fausse économie), engagé contre les coupes budgétaires, plus de 2.000 organisations caritatives sont obligées de supprimer certains de leurs services et de licencier du personnel. Le site dénonce le projet de Big society qui ne servirait qu'à camoufler la politique d'austérité du gouvernement. D'autres structures sont également menacées, telle l'organisation caritative Youth Action Network (Réseau d'action jeune). Basée à Birmingham, elle fermera en septembre à cause d'un «manque de financements stratégiques», selon Mandy Murphy. Quant au Centre pour réfugiés du nord de l'Angleterre, il a dû diminuer de 70% les services qu'il offrait auparavant sous la pression des coupes budgétaires.
Pour Tessa Jowell, membre du “cabinet fantôme” constitué par l'opposition travailliste, «ces coupes (qui menacent les organisations caritatives) sont en train de saper les éléments au centre de la vie de la communauté. Ce que nous allons perdre dans les années à venir, nous ne pourrons pas le reconstruire en dix ans.» Les avis sont toutefois partagés sur la stratégie des coupes budgétaires. D'après Ruth Porter de l'institut d'Affaires économiques, «pour résoudre le problème de la dette de la Grande-Bretagne et pour créer de la croissance économique, le gouvernement devrait augmenter les coupes budgétaires, déréguler et diminuer les taxes».
Mais il faut voir comme un signe prémonitoire cette vidéo du site du Guardian fin juillet à la suite de la fermeture de treize centres pour jeunes, de clubs d'activités après l'école et du service de conseil auprès des jeunes. L'un des interviewés conclut par «il va y avoir des émeutes, il va y avoir des émeutes».
Professeur d'arts plastiques dans un collège-lycée de Hackney, une des zones touchées par les émeutes, Jenny Moore n'est pas surprise par les événements actuels : «Je m'occupe de jeunes qui sont dans la même situation que ceux de Haringey. Avec les coupes, les structures comme les associations de jeunes sont contraintes de fermer. Ces jeunes n'ont pas de langage politique, ils ont leurs propres codes. Ils savent qu'ils sont à contre-courant de la société mais ils se sentent abandonnés par leur propre pays.»
via www.mediapart.fr