C'est un des thèmes de prédilection traditionnels de Marine Le Pen. «L'immigration peuple la France d'ayants droit pour qui, bien souvent, la seule affinité avec notre pays se limite aux avantages matériels qu'il leur procure», écrit-elle dans son programme. Mais elle n'est pas la seule. Récemment, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a pris l'argument frontiste à son compte.
«Sur l'immigration à caractère strictement social, nous allons nous heurter à un problème, c'est que nous n'aurons plus les moyens de payer, c'est-à-dire que derrière cela le coût social pour le contribuable est tellement élevé qu'il y aura un moment où on ne tiendra plus le coup financièrement, parce que c'est du déficit et qu'on n'y arrive plus», a-t-il déclaré sur RFI.
«D'aucuns vont jusqu'à laisser entendre que les avantages offerts par le système de protection sociale français constituerait l'une des principales motivations de l'expatriation des migrants. Les étrangers sont alors portraiturés en oisifs, vivant aux crochets des autochtones par l'entremise de l'assurance chômage et de l'accès gratuit aux soins et à l'éducation pour leurs enfants», rapporte Cette France-là, qui souligne qu'une enquête d'Eurostat de 2001, menée à la fois auprès de migrants déjà présents en Europe et parmi des candidats au départ résidant encore dans leurs pays d'origine (en l'occurrence la Turquie, le Maroc, l'Égypte, le Ghana et le Sénégal), montre que seuls 3 à 28% des migrants ont acquis des connaissances sur la protection sociale que pouvait leur offrir leur nouveau ou futur pays d'accueil.
À la différence des pays anglo-saxons, où les travaux sur la contribution des immigrés aux finances publiques sont monnaie courante, ils sont rares en France, ce qui empêche que le débat ait lieu sur des bases sérieuses. D'où l'intérêt d'une récente étude sur l'impact de l'immigration sur les comptes de la protection sociale réalisée pour la MIRE, le centre de recherches du ministère de la santé, des affaires sociales et du travail. L'économiste Lionel Ragot y a participé.
Après avoir calculé le montant des prélèvements effectués par l'État et le niveau des prestations perçues, il conclut, en tenant compte de la structure par âge, que «globalement la contribution au budget des administrations publiques des immigrés, en 2005, était positive et de l'ordre de 12 milliards d'euros. (…) Si on ramène ça par immigré, grosso modo la contribution nette d'un immigré, en 2005, était de 2.250 euros alors que celle d'un natif était de 1.500 euros». Plus un étranger est hautement qualifié, plus son apport aux finances publiques est important, constate Lionel Ragot qui rappelle aussi que les deux postes de dépenses que sont le RMI et les aides au logement «sont beaucoup moins importants dans l'ensemble des transferts sociaux, les deux postes les plus importants étant les retraites et la santé».
Également interrogé, Joël Oudinet partage la même analyse. «Les études, dit-il, montrent que le solde est plutôt positif: ils dépensent en moyenne plus en impôts qu'ils ne bénéficient d'aides sociales. L'impact est d'autant plus positif que les migrants sont qualifiés.»
En tenant compte des perspectives démographiques, et notamment du vieillissement de la population, Lionel Ragot va plus loin. Sans les immigrés, il sera plus difficile de payer les retraites et de financer la branche maladie. «Nos résultats sont sans ambiguïté, insiste-t-il. Si on compare avec immigration et sans immigration, on voit bien que l'immigration a un apport au financement de la protection sociale puisque sans immigration, en 2050 ce n'est pas 3% du PIB en plus qu'il faut trouver pour financer la protection sociale, c'est quelque chose de l'ordre de 4,3%. Ça montre bien que l'immigration réduit le fardeau fiscal lié au phénomène du vieillissement démographique.»
via www.mediapart.fr