"Profil perdu"Jean Maitron (1) par N99
Fondé par Jean Maitron, le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social (Editions de l'Atelier) est un monument que visitent tous ceux qui n’ont pas renoncé à l’espérance d’un monde meilleur ici bas. Mediapart s’est associé à l’hommage qui lui a été rendu à l’occasion d’une nouvelle livraison où figure la vie de son fondateur.
Organisée en décembre 2012 à la veille des congés et des fêtes à l’Hôtel de Ville de Paris et accueillie par Catherine Vieu-Charier, l’adjointe au maire chargée de la mémoire et du monde combattant, cette soirée a été filmée (puis montée) par Jeanne Menjoulet du Centre d’histoire sociale (CHS), centre de recherche universitaire avec lequel nous menons régulièrement des travaux de réflexion au croisement du présent et du passé (par exemple ici, là ou encore là, toujours sollicités par Antoine Perraud et, au nom du CHS, Françoise Blum). Ces vidéos sont désormais disponibles et vous pourrez donc, à la fin de ce billet, revivre cet hommage dans la diversité de ses intervenants (Claude Pennetier, Jean-Yves Mollier, Julien Hage, Bernard Stéphan, Didier Daeninckx – manquent Jean-Louis Robert, président des Amis du Maitron, et deux comédiens qui ont lu des morceaux choisis, Aurélia Puchault et Benoit Du Marcot).
Directeur du Maitron depuis la disparition de son fondateur, l’historien Claude Pennetier m’avait demandé d’associer Mediapart à cet événement et d’animer la soirée. L’occasion de cet hommage était la parution du Tome 8 de la nouvelle série du dictionnaire (de 1940 à Mai 1968) dans lequel figure justement la notice biographique du fondateur. En somme, Maitron dans « le » Maitron. Et, dans la salle, un exceptionnel brassage, impensable ailleurs, où se côtoyaient toutes les familles et traditions du mouvement ouvrier, des communistes aux socialistes, en passant par les trotskystes et les anarchistes, les croyants et les athées, etc.
J’ai expliqué dans mon propos liminaire ma vieille fidélité à cette aventure éditoriale hors du commun, commencée en 1955 par Jean Maitron (1910-1987), pionnier de l’histoire sociale en France. J'ai ainsi repris un passage de Secrets de jeunesse (Stock, puis Folio) où je confiais déjà, en 2001, les raisons de mon attachement à « ce monument immense et infini, qui nous permet de revisiter le mouvement ouvrier, ce continent émergé au XIXe siècle et aujourd’hui en partie englouti ». Parce que, écrivais-je, c’est « une collection d’histoire de vies ». Et qu’elle enseigne, par l’exemple, « l’importance du facteur personnel : tout est à gagner, rien n’est donné ». Car la force du Maitron, dès l’origine, fut de rendre leur gloire aux militants inconnus autant qu’aux célébrités, aux sans