Florian Borg, syndicat des avocats de France: «On n’espère plus rien (de ce gouvernement), sauf qu’il arrête de casser » – à propos de « Justice morte » » – Page 1 | Mediapart

Le président du Syndicat des avocats de France Florian Borg, en pointe contre la réforme de l’aide juridictionnelle de la garde des Sceaux Christiane Taubira, était au Palais de justice de Lille ce mardi. Comme plusieurs confrères, il a été sorti de force par la police (lire ici). Il s’est retrouvé à terre, tandis que le bâtonnier de Lille Vincent Potié a, lui, été ceinturé, voyant sa robe d’avocat déchirée.

Dans un entretien à Mediapart, Borg dénonce « la surdité absolue et la volonté de passer en force du gouvernement ». La réforme de l’aide juridictionnelle a été adoptée jeudi à l’Assemblée nationale dans le cadre du budget 2016. Après les événements de Lille, la ministre de la justice recevra des représentants des avocats ce mercredi 21 octobre. Le Conseil national des barreaux brandit la menace d'une grève générale et illimitée des avocats ce vendredi.

Que s’est-il passé ?
Nous bloquions ce matin [mardi 20 octobre] le Palais de justice dans le cadre de la journée « Justice morte » [contre la réforme de l’aide juridictionnelle – ndlr]. Les juges et les greffiers pouvaient rentrer. Le procureur a voulu absolument déférer des personnes de garde à vue, donc il a envoyé trois cars de police pour dégager l’accès au tribunal. Les policiers ont sorti les avocats de devant la porte. Le bâtonnier Vincent Potié, sorti le premier, a été ceinturé par deux policiers, et sa robe a été déchirée. D’autres confrères ont été traînés à terre. Moi j’étais dans un groupe d’avocats qui a voulu accompagner pour les défendre les personnes déférées de garde à vue vers les salles d’audience.

Les policiers se sont interposés, ils nous ont sortis du tribunal. Avec d’autres confrères, j’ai été poussé dehors et je suis tombé à terre, et ma robe a été déchirée aussi. Je ne sais pas si de tels événements ont déjà eu lieu dans l’histoire de la justice. Un syndicaliste de gauche sorti par un gouvernement de gauche d’un Palais de justice, et un bâtonnier ceinturé, le symbole est fort ! Même des avocats qui voulaient plaider pour défendre des personnes déférées par le procureur ont été sorties du Palais de justice par la police. C’est affolant et désastreux.

Comment on en est arrivé là, à une telle tension sur la réforme de l’aide juridictionnelle, que tout le monde souhaitait au départ ?
Le gouvernement doit assumer une augmentation des missions, mais comme il n’a pas les moyens de l’assumer, il réduit la rémunération des avocats. La garde des Sceaux n’a pas les moyens de sa politique, elle cherche aujourd’hui à dire qu’elle fait une réforme de l’aide juridictionnelle, mais concrètement, elle baisse la rétribution des avocats sur les dossiers qui concernent la justice du quotidien. Le gouvernement ne se donne pas les moyens d’une politique sociale.

Attendez-vous des excuses ? Le 5 octobre, quand deux dirigeants d’Air France ont été agressés en marge d’un comité d’entreprise, Manuel Valls a parlé de « voyous »
C’est plus grave que ça : on n'attend plus rien de ce gouvernement. C’est dire l’état de colère et de désespérance de la profession. On lui demande juste de ne pas détruire ce qui existe déjà, et de retirer les projets qui mettent en péril la justice du quotidien. On n’a pas besoin d’excuses. On n'espère plus rien, sauf qu’il arrête de casser.

via www.mediapart.fr

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