Filmer l’usine et les ouvriers, nouvelle manière | Mediapart

Entrée du personnel, découvert aux Etats généraux du documentaire de Lussas (Ardèche), clos fin août, réussit une petite prouesse: bousculer la vieille catégorie usée du film d'usine. Sa réalisatrice, Manuela Frésil, s'est introduite au cœur d'une dizaine d'abattoirs industriels français, du petit matin à la sortie d'usine, aux côtés d'ouvriers à la chaîne, qui tranchent, dépiautent, ficellent, chargent.

Les patrons l'ont laissée filmer, pensant qu'il s'agissait d'un énième film commercial, à la gloire du secteur agroalimentaire. Ils se sont fait piéger dans les grandes largeurs: Entrée du personnel raconte l'emballement des cadences et la répétition infernale, l'affolement des gestes quotidiens jusqu'à ce que le corps lâche, la déshumanisation de ces ouvriers qui travaillent la chair animale: «On est comme des machines», dit l'un d'eux.

Misère de la condition ouvrière, encore et toujours, encore pire, semble suggérer Manuela Frésil, dont le précédent film documentait le quotidien d'éleveurs de porcs (Si loin des bêtes, 2003). Empruntant des éléments au film d'horreur (les abattoirs, le sang qui gicle, les cauchemars), Entrée du personnel confronte, sans détour, la douleur des hommes aux calvaires des bêtes qu'ils dépècent, et réfléchit à la porosité entre ces deux mondes, humain et animal. On sort lessivé de cette exploration de la condition animale de l'ouvrier.

A l'instar d'Entre nos mains,

via www.mediapart.fr

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