Tony Blair avait posé les bases de cette nouvelle croisade dans des discours post-9/11 et post-7/7. Sous couvert de lutte contre le « terrorisme islamique », il avait fait voter une série de lois sécuritaires jetant la suspicion sur l'ensemble des musulmans.
Gordon Brown avait fait l'apologie du colonialisme britannique et exhorté un retour aux « valeurs britanniques ».
David Cameron, chef d'un gouvernement de droite ultralibérale, poursuit le travail de sape. Le 5 février, dans une conférence internationale consacrée aux questions de sécurité à Munich, il a établi une corrélation insidieuse entre musulmans, islamistes et terrorisme. (Voir la vidéo, en anglais)
« L'ennemi de l'intérieur » selon Cameron
Cameron a dans un premier temps précisé qu'islam et islamisme ne pouvaient être confondus et réfuté la thèse d'un choc de civilisations entre le Nord et le Sud. Se contredisant ensuite, il a pourfendu « l'ennemi de l'intérieur », c'est-à-dire, le musulman britannique, plutôt jeune, « radicalisé » ou « en voie de radicalisation ».
Selon le premier ministre britannique, le problème serait d'ordre identitaire et le multiculturalisme britannique serait la cause de ce mal. En défendant les cultures minoritaires, le multiculturalisme d'Etat inciterait certains individus à vivre en marge de la société britannique et de ses valeurs. Le « communautarisme » qui en découle, fournirait le terreau dans lequel « l'extrémisme islamiste » prend racine.
Ce grossier amalgame ne vise ni plus ni moins qu'à jeter l'opprobre sur l'ensemble des musulmans, et à réduire l'islam à la caricature terroriste d'Al-Qaeda.
Universalisme des droits vs pluralisme « pragmatique »
Davantage, le multiculturalisme britannique ne saurait se réduire à la caricature du « politiquement correct devenu fou » que l'extrême-droite britannique et les néo-républicains français dénoncent. Avant d'être des politiques de « discrimination positive » à l'endroit des minorités, le « communautarisme » est essentiellement un état d'esprit, une philosophie de la tolérance et du respect de la différence.
La France et le Royaume-Uni mettent en avant deux récits nationaux radicalement différents :
- d'un côté, un universalisme des droits insensible aux discriminations de nature ethnique, religieuse et de genre ;
- de l'autre, un pluralisme « pragmatique » qui tente de traiter à la source ces discriminations, certes avec plus ou moins de réussite.
Le résultat est pourtant à peu près identique dans les deux sociétés. Les populations issues de l'immigration y sont :
- majoritairement prolétarisées,
- connaissent de moins bons taux de réussite scolaire,
- davantage touchées par le chômage,
- regroupées dans des zones d'habitat « ethnicisés ».
Faisons tomber les faux-semblants idéologiques et les pseudo-modèles nationaux d'intégration. Dans les deux cas, ce sont les décennies de politiques néolibérales qui ont failli à l'encontre des citoyens d'or
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