L'homme d'affaires est aux
anges.Son usine donne des signes de bonne santé. Bientôt, elle produira des
milliers de litres d'huile d'arachide. Et ils se traduiront en substantiels
bénéfices pour lui et ses associés d'Acazis, une entreprise à capitaux
allemands, suisses et français, cotée à la bourse de Francfort. L'usine d'Acazis ne se situe pas sur les bords du Main, mais dans la région
d'Harar, dans le fin fond de l'Ethiopie, à 150 kilomètres de la frontière somalienne et
un peu plus de Djibouti.C'est ici, à 40 minutes de tape-fesses sur une piste
caillouteuse du bourg le plus proche, que François Achour fait visiter « la
plus grande usine d'Afrique de raffinage d'huile d'arachide ». Du
troisième étage de l'édifice, on distingue au loin les montagnes
qui limitent les 56.560 hectares que le gouvernement éthiopien loue « à bas
prix », dixit le manager, pendant 49 ans renouvelables. Soit un
« actif monstrueux » de 450 kilomètres de long et 150 kilomètres de large de
terres « où tout ne demande qu'à pousser », se réjouit le Marseillais, qui réside depuis deux ans en Ethiopie. Le tout, donc, pour une somme
dérisoire mais « confidentielle ».Arrivés pour y produire du biocarburant à base d'huile de
ricin, les actionnaires d'Acazis ont finalement opté pour la production d'huile
de table, après d'improbables déboires avec des entrepreneurs israéliens crapuleux.
A priori, tout joue désormais en leur faveur : des cultures de cacahuètes
à perte de vue, des terres fertiles, une main-d'œuvre à peu de frais et un
marché énorme dans un pays qui importe 85% de sa consommation. À elle seule,
l'usine des Européens peut fournir plus que l'ensemble des huileries du pays.Autant dire que les financiers d'Acazis ont été accueillis à
bras ouverts par le gouvernement éthiopien. Les banques d'Etat leur octroient
des prêts à des taux préférentiels. Le ministre de l'énergie a fait le
nécessaire pour acheminer l'électricité jusqu'à l'usine et la piste qui y mène
devrait à terme céder la place à une route bitumée.Des anecdotes de dîners et
de rendez-vous avec les plus hauts représentants du pays, François Achour en a
par paquets. L'Etat éthiopien, propriétaire des terres, veut attirer les
investisseurs étrangers et il y parvient. Son but : louer 3 millions
d'hectares d'ici deux ans et industrialiser le pays au pas de charge. « En
Ethiopie, tout est à faire. On peut s'enrichir très vite ici,
s'enthousiasme François Achour. Ce pays a une croissance de plus de 10%
et va s'ouvrir grâce à des entreprises comme la nôtre. »
via www.mediapart.fr