Espionnage: Obama face au poids déterminant du complexe militaro-industriel | Mediapart

C’est un discours qui, plus de cinquante ans après avoir été prononcé, continue d’être abondamment cité par une grande partie de la gauche américaine, même s’il émane d’un homme de droite. C’est le discours d’adieu du président Dwight Eisenhower qui, trois jours avant de céder la Maison-Blanche à John Kennedy, en janvier 1961, mettait ses concitoyens en garde contre le danger de céder trop de pouvoir aux industries de défense :

« Dans les assemblées du gouvernement, nous devons nous garder de toute influence injustifiée, qu'elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d'une désastreuse ascension d'un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l'énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. »

Même si ce discours a été mis à toutes les sauces depuis un demi-siècle, il entre en résonance brûlante avec l’actualité de ces dernières semaines, en particulier les révélations d’Edward Snowden sur l’étendue des programmes d’espionnage menés par les agences de renseignement américaines et surtout leurs prestataires de services. Eisenhower – l’ancien général ! – s’inquiétait, dans un contexte de Guerre Froide, du pouvoir grandissant de quelques sociétés en cheville avec le Pentagone et bien introduites politiquement. Leurs noms étaient bien connus : Boeing, Lockheed, General Dynamics, General Electric…

Aujourd’hui, cette crainte d’Eisenhower s’est en partie réalisée. Le budget du Pentagone représente 20 % du budget des États-Unis et il est plus important que celui, cumulé, des vingt autres pays les plus dépensiers en matière militaire. Et si Boeing ou General Electric continuent de fabriquer des produits pour le civil, de nombreuses sociétés américaines majeures (comme Lockheed, Raytheon ou General Dynamics) ne travaillent plus que pour le Département de la défense et possèdent un intérêt non négligeable à la croissance du budget militaire et donc à la perpétuation d’un certain nombre de menaces.

via www.mediapart.fr

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