En Israël, la «Joint list» rassemble arabes et juifs et bouscule la campagne – Page 1 | Mediapart

De notre envoyé spécial à Haïfa.-  En Israël, la campagne électorale pour les élections législatives du mardi 17 mars s’achève ce dimanche. Si l’Union sioniste et le Likoud se disputent les deux premières places, ces élections pourraient bien voir émerger un parti ou plutôt une liste surprise, à gauche pour une fois. Il s’agit de la « Joint list », formée à partir de l’union des partis arabes mais qui compte également des candidats juifs.

« Palestinienne citoyenne d’Israël » comme 20 % de la population, née voilà tout juste 50 ans à Nazareth, mariée et mère de deux enfants, Ayda Touma Souleman réside aujourd’hui à Saint-Jean-d’Acre. Elle est cinquième sur la « Joint list » qui unit notamment Hadash (parti communiste israélien) à l’autre parti arabe, Balad, et milite pour atteindre l’objectif de « 15 députés » (sur les 120 que compte la Knesset), que vise cette liste inédite de la gauche radicale israélienne. Un objectif qui n'est pas irréaliste si l’on en croit les derniers sondages.

Activiste politique depuis ses 17 ans, ancienne secrétaire de l’Union des étudiants arabes, première femme à siéger au Haut comité de suivi israélien pour la communauté arabe et fondatrice de l’organisation féministe « Woman against violence », Ayda Touma Souleman est aussi membre du bureau politique du parti communiste israélien (Hadash) et de la commission internationale pour une paix juste entre Israéliens et Palestiniens établie sous l’égide de l’ONU. Elle a quitté il y a deux mois son poste de rédactrice en chef de l’unique quotidien arabe israélien, Itihad, pour se consacrer à la campagne électorale. Entretien avec la candidate dans son local de campagne à Haïfa.

Ayda Touma Souleman, jeudi 12 mars, à Haïfa, dans son local de campagneAyda Touma Souleman, jeudi 12 mars, à Haïfa, dans son local de campagne © Pierre Puchot

Le candidat du parti d'extrême droite Israël Beitenou, et ministre des affaires étrangères, Avigdor Liberman, a déclaré que tous les Arabes qui n’étaient pas « loyaux » envers l’État israélien devraient être « décapités ». Ces propos reflètent-ils selon vous l’état d’esprit d’une partie de la droite israélienne ou sont-ils simplement dus au climat tendu qui entoure la dernière semaine de campagne ?

Ayda Touma Souleman. On ne dit pas des choses si horribles, même en temps d’élection, si on ne les porte pas dans son cœur. Cela montre à quel point il est devenu hystérique parce que les sondages ne le mettent pas en valeur (ils accordent à Israël Beitenou 5 députés, contre 15 en 2009 – ndlr) et que l’élévation du seuil électoral (un parti doit désormais obtenir 3,25 % des voix pour obtenir un siège au parlement, contre 2 % auparavant – ndlr), qui a été soumise au vote par le gouvernement et par Liberman lui-même pour lutter contre nous, pourrait très bien se retourner contre lui. Il pourrait bien ne pas être au prochain parlement.

Liberman est bel et bien raciste et fasciste même dans sa conception de faire de la politique. Ces propos montrent qu’il se trouve face à un problème de mobilisation majeur et qu’il essaie de gagner tous les votes possibles à l’extrême droite. Les propos de Liberman mettent également en relief le fait que le climat actuel en Israël permet aux politiciens fascistes de faire ce genre de déclaration sans en être tenus responsables. Il est bien sûr possible de poursuivre Liberman devant la justice, comme nous l’avons déjà fait à maintes reprises pour des propos

via www.mediapart.fr

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