En Égypte, la révolution déjà trahie par l’armée… | Mediapart

Mais que sont devenus les autres «détenus du 9 mars» ? Aly estime le nombre de personnes arrêtées ce jour là place Tahrir à 152 hommes et 18 femmes. C'est du moins le nombre de détenus qu'il a pu recenser au cours de son séjour au centre de rétention militaire. Combien ont été relâchés ? Combien condamnés ? Impossible de le dire. Mais depuis cet «épisode», parviennent régulièrement aux organisations des droits de l'homme les détails d'arrestations de ce type, d'actes de tortures, de détention arbitraires, de falsifications de preuves… Selon Amnesty international, les militaires pratiqueraient même des «tests de virginité» sur les jeunes filles arrêtées place Tahrir.  «Je n'ai pas pu le constater par moi-même, parce nous avons été très tôt séparés des femmes, dès notre arrivé au musée, explique Aly Sobhy. Mais plusieurs jeunes filles avec lesquelles j'ai discuté par la suite m'ont confirmée avoir subi ce traitement. »

L'une d'elle témoigne, dans cette vidéo disponible sur You Tube :

«Tous ces témoignages recueillis ces dernières semaines recoupent ceux que nous pouvions avoir avant la chute de Moubarak, explique Sohair Riad, de l'Institut du Caire pour les droits de l'homme (CIHRS).  Les pratiques de tortures sont les mêmes, usage des matraques électriques, les déshabiller entièrement, test de virginité pour les filles. C'est malheureusement une tendance que l'on peut déceler aujourd'hui.»

Qu'en disent les militaires eux-mêmes ? Le conseil de suprême des forces armées a d'abord nié tout acte de torture. Mi-mars, après le tabassage d'étudiants lors du sit-in au Caire, les militaires ont reconnu que de telles pratiques avaient encore cours en Egypte, et se sont excusés, expliquant qu'il s'agissait de cas isolés, et qu'aucun ordre n'avait été donné en ce sens en haut lieu. Lorsque les premiers témoignages de test de virginité ont commencé à apparaître sur You tube, le conseil a promis une enquête pour déterminer les circonstances de ces actes, «s'ils avait bel et bien eu lieu». Mais les arrestations abusives contre les manifestants et les actes de tortures se sont poursuivies par la suite. Plusieurs dizaines de personnes arrêtées place Tahrir le 9 mars, considérés comme « casseurs », ont été condamnées par des tribunaux militaires à des peines de 1 à 5 ans de prison, sans qu'aucune association ou ONG ne soit en mesure de préciser leur nombre exact.

Et ce, malgré les efforts d'un groupe d'activistes, qui ont créé le «front de défense des activistes égyptiens», et documentent les témoignages sur leur site Internet. Sur l'ensemble du pays, plusieurs organisations non gouvernementales égyptiennes estiment aujourd'hui que le nombre de citoyens égyptiens qui ont comparus ou seraient en attente de comparution devant les tribunaux militaires depuis le 11 février et le départ de Moubarak, se conterait en milliers, inculpés pour la plupart en tant que «casseurs». Aucune n'est cependant en mesure de fournir de chiffres précis, et de faire remonter un bilan solide au CIHRS ou à la branche locale d'Amnesty.

via www.mediapart.fr

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