En Egypte, les arrestations de manifestants ont continué après la chute d'Hosni Moubarak. Dans la nuit du 25 au 26 février, Amr Abdallah El Beheiry et d'autres militants ont été battus et arrêtés par la police militaire, alors qu'ils protestaient devant le Parlement.
Amr déguisé en pharaon à une soirée entre amis, le sourire aux lèvres ; Amr le jour de son mariage ; Amr posant devant la tour Eiffel… Badria El Beheiry a le cœur lourd lorsqu'elle montre les photos de son fils, aux longs cheveux bouclés et au look baroudeur. Elle ne l'a pas revu depuis son arrestation, il y a près de deux mois.
32 ans, ouvrier dans une entreprise d'agro-alimentaire, Amr a participé à toute la Révolution égyptienne jusqu'à la chute du raïs le 11 février. Sa malchance tient au fait qu'il a continué à protester dans la rue, ne voulant pas se contenter de la démission du Président déchu.
« Son visage était en sang »
Dans la nuit du 25 au 26 février, le jeune homme a participé au sit-in réclamant le départ du premier ministre Ahmed Chafik, devant le Parlement, à deux rues de la place Tahrir. Vers 2 heures du matin, les militants pro-démocratie sont dispersés à coups de matraques par la police militaire, qui s'acharne sur Amr, le rouant de coups sur le trottoir.
Leïla Soueif, une professeur de mathématiques qui a pris part à la manifestation, a assisté à la scène :
« J'ai vu ce jeune homme se faire frapper par quatre policiers, son visage était en sang. Il était vraiment mal en point. […] Je leur ai demandé “pourquoi le frappez-vous ? Laissez-le tranquille ! ” Un officier a alors demandé aux soldats de le relâcher. […]
Avec mes deux filles, mon fils et des amis, nous l'avons éloigné, des jeunes en voiture se sont arrêtés pour nous apporter de l'aide. Comme Amr était blessé, nous l'avons fait monter dans la voiture et nous leur avons demandé de le ramener chez lui.
Cinq minutes plus tard, je reçois un coup de fil de mes amis qui les suivaient en voiture. Ils m'ont dit qu'ils ont tous été arrêtés, y compris les deux jeunes qui sont venus porter secours à Amr. […] Ils ont tous été conduits en direction du Parlement par les militaires, les mains en l'air, sous la menace des armes. »
Le lendemain, le samedi 26 février, l'armée s'excuse d'avoir usé de la force contre les manifestants. Tous ont été relâchés, excepté Amr. Peut-être parce que des manifestants ont filmé son passage à tabac.
Le soir, c'est un choc pour Leïla et la famille d'Amr, lorsqu'ils découvrent que ce dernier est présenté comme un « baltaguis », un voyou, à la télévision officielle égyptienne.
« Nous avons appris ce qui est arrivé à Amr par la télévision et les journaux, nous avons vu une photo de lui très amoché. Cela a été un choc terrible », confie Mohamed, l'un de ses trois frères.
Condamné par un tribunal militaire à cinq ans de prison
Le 28 février, le jeune manifestant est jugé par le tribunal militaire de Nasr City et condamné le lendemain à cinq ans de prison. Il est accusé d'avoir agressé un membre de la police militaire et de ne pas avoir respecté le couvre-feu.
Des acteurs égyptiens se sont mobilisés pour demander à l'armée la libération d'Amr.
« […] Amr Abdallah El Beheiry est un jeune homme comme vous et moi. […] Amr a été jugé par un tribunal militaire, sans avoir droit à un avocat, et condamné à cinq ans de prison. Cinq ans peuvent détruire la vie d'un jeune homme. […] Tenons-nous à ses côtés pour demander à l'armée de le libérer, l'armée et le peuple ne font qu'un. La liberté pour Amr et tous les prisonniers de la Révolution du 25 janvier. » (Voir la vidéo en arabe)
via www.rue89.com
S’abonner
Connexion
0 Commentaires
Le plus ancien