Eddie Glaube Jr : Etats-Unis, «Depuis 2008, la situation des Noirs ne fait que stagner ou se détériorer» – Page 1 | Mediapart

Les tensions actuelles s’expliquent en outre par le grand écart entre l’euphorie suscitée par l’élection de Barack Obama et la réalité du déclin économique et social des Afro-Américains. Cette élection a bel et bien représenté un tournant, un épisode central pour les Afro-Américains et pour l’Amérique tout entière. Sauf qu’on réalise désormais que depuis 2008, la situation des Noirs ne fait que stagner ou se détériorer. Tous les indicateurs montrent que leur qualité de vie baisse.

Les chiffres du recensement indiquent qu’en 2012, le revenu moyen des foyers afro-américains est retombé à 58,4 % du revenu des foyers blancs, c’est-à-dire au niveau de 1967. D’autres études, comme celle de la Brookings, montrent que la mobilité sociale des jeunes Afro-Américains est bien plus réduite que celle des jeunes Blancs.

Cette phrase que j’ai twittée fait donc référence au silence qui a entouré ce déclin et ces souffrances depuis l’élection d’Obama. Elle évoque la manière dont les Afro-Américains ont tu la difficulté de vivre dans des communautés qui, au même moment, font face à une policiarisation extrême de leur cadre de vie et sont sous-protégées socialement. Le réveil est brutal, comme le montrent ces journées de mobilisation à Ferguson.

Pourquoi les événements de Ferguson ont-ils cet impact national, selon vous, plutôt qu’une autre affaire liée à des brutalités policières comme l'une de celles que vous avez mentionnées ?

L’affaire de Ferguson offre un récit puissant, dans lequel de très nombreuses communautés peuvent se reconnaître. Il y a la mort d’un jeune Noir non armé, abattu en plein jour par un officier et ensuite laissé à la vue du public sur la chaussée pendant des heures (des vidéos ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, montrant le corps sans vie de Michael Brown tandis que l’on entend des habitants s’indigner, ne comprenant pas pourquoi l’ambulance met autant de temps à arriver – ndlr). Il y a ensuite la réaction de la police, qui faisait déjà l’objet de sérieuses suspicions, qui laissait sceptique les habitants, et qui décide par-dessus le marché de mener l’enquête sur ses propres agissements, en communiquant très peu, brisant le peu de confiance restant.

Ferguson fonctionne en outre comme un microcosme, à l’image de tant d’autres lieux aux États-Unis (ici une étude de la Brookings Institution sur la montée de la pauvreté dans les années 2000, notamment dans les banlieues – ndlr). La ville compte quelque 21 000 habitants répartis dans différents quartiers, qui ont tous au moins 20 % de foyers vivant sous le seuil de pauvreté, avec moins de 24 000 dollars par an. Près des trois quarts de la population sont noirs, mais seuls trois officiers sur 53 sont noirs. La population est marginalisée à plusieurs titres, économiquement, politiquement, culturellement.

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x