Drogues: consensus sur la dépénalisation (responsabilisation des citoyens, asphyxie des mafias) par Anne Coppel- Libération

Encore une fois, la France s’enferme dans une conception archaïque de la politique des drogues qui ignore les avancées de l’expertise internationale. Or cette expertise propose désormais une stratégie cohérente et réaliste. Le 26 octobre, à l’ONU, un expert, Anand Grover, a fait cinq recommandations, dont l’adoption des mesures de protection de la santé et la dépénalisation de l’usage et de la détention, validées par des collectifs d’experts internationaux. Lors de la conférence internationale de lutte contre le sida en juillet à Vienne, Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, a été très clair : «L’une des priorités pour le monde est de faire cesser les fonds alloués à la soi-disant "guerre contre la drogue" qui s’est révélée être un échec et s’est trop souvent transformée en une guerre contre les usagers… Les fonds publics devraient au contraire fournir à tous ceux et celles qui en ont besoin un accès aux services de réduction des risques.»

Cette remise en cause de la guerre à la drogue est un tournant majeur. Ces dernières années, les politiques de réduction des risques ont fait la preuve de leur efficacité dans la protection de la santé. En août 2009, ces politiques ont été adoptées par l’ONU, conformément aux recommandations de l’OMS, puis validées en France par l’Inserm. Des synthèses internationales ont démontré que la criminalisation de l’usage et de la détention a des effets dévastateurs sur la santé et la sécurité. Il est également prouvé que la dépénalisation, ou décriminalisation (qui n’implique pas de renoncer à l’interdit) n’augmente ni la consommation ni le trafic de drogue. Par contre, elle permet de surmonter les obstacles créés par la criminalisation dans la protection de la santé, obstacles qui s’accompagnent de graves violations des droits de l’homme.

Car le rapport Grover relève du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Invoquer les droits de l’homme pour justifier la dépénalisation de l’usage, voilà qui en France est impensable, assimilé à la revendication du «droit de se droguer». Le rapport rappelle seulement que tout être humain, fût-il consommateur de drogues, a des droits, dont le droit à la santé. Les recherches démontrent les conséquences catastrophiques des politiques de tolérance zéro qui, aux Etats-Unis, ont abouti à un triplement des incarcérations en vingt-cinq ans. La protection de la santé ne peut être invoquée pour justifier la criminalisation de l’usage : il est prouvé que plus la répression augmente, plus la mortalité augmente.

Si le rapport Grover appelle à une refonte du cadre international, il propose surtout des mesures qui peuvent être mises en œuvre immédiatement. Les experts ne s’aventurent pas à recommander le renoncement pur et simple de la prohibition des drogues. Chacun peut avoir ses convictions et cette mesure radicale n’est pas envisageable dans un avenir proche. Il en est de la politique des drogues comme des paradis fiscaux. Le changement de cadre proposé par les experts se limite à des mesures dont l’efficacité est prouvée en matière de protection de la santé mais, si modeste soit-il, ce changement ouvre de nouvelles perspectives. Un exemple, la lutte contre le trafic. Plutôt que de lutter contre le trafic lui-même qui conduit à un renforcement des organisations clandestines, la répression devrait privilégier les conséquences du trafic telles que la violence, le blanchiment et la corruption.

Ce changement de perspective est ignoré en France où le consensus sur la guerre à la drogue est plus large que jamais. La politique de tolérance zéro a été appliquée aux usagers, délinquants selon la loi, sans que personne ne proteste. L’immobilisme français sur la loi de 1970 a longtemps reposé sur la croyance qu’il y avait «une dépénalisation de fait», que l’interdit avait une fonction purement symbolique, et qu’il n’y avait pas d’usager en prison pour usage. Les statistiques montre

via www.liberation.fr

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grellety
grellety
14 années il y a
moustik2
moustik2
14 années il y a

complexe pour une société de dépénaliser et de privilégier les conséquences du trafic ,violences ,corruptions ,blanchiment d argent ,quand le blanchiment d argent fait concurence déloyale au éléments intégres qui ont les mémes devoirs mais pas le méme cadre et charges en éxcluant ce mode de fonctionnement de la répression on intégre de façon légitime cette concurence la corruption n est que la finalité logique ,elle éxiste de fait méme si elle est passive avec toutes les oppositions à la moralisation qu elle veut pour acquise ……

moustik2
moustik2
14 années il y a

c est une véritable anarchie de la conscience mise en opposition a la valeur des dits biens cités en exemple: « immeubles  » etc… on ne peut que constater que la corruption est bien dans les consciences et peut étre au dela;que la puissance de l argent à ses bouffons comme les rois avaient les leurs au sains de la cour;la question éxiste t il la démocratie du peuple c est une réelle question fondammentale pour répondre au droit de l homme et en éxercer le principe et les résolutions adaptées ,je ne suis pas un moralisateur mais il me semble que le probléme est lié à une certaine inégalité dans les répartitions des valeurs de bases et de la misére outre notre petit moi donc ailleurs ,tout est relatifs donc les droits de l homme à vivre dignement n est réparti me semble t il sur ce monde sinon pourquoi? pourquoi ?

moustik2
moustik2
14 années il y a

un petit paralléle « j étais à BERLIN bien avant que le mur s éffrondre de ce que l on entends comme démocratique dans la démocratie n est il pas indispensable que tout le monde mange à sa faim ,l est avait pour le moins ce souci ,l effrondrement du mur n est qu une image ,car les inégalités des droits se sont creusées .une autre question selon ce que le monde appelle classe sociale le droit est il différent?????

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