La guerre d’Indochine se déclenche alors que la Seconde Guerre mondiale est à peine terminée. Mais l’armée qui s’en va mater la rébellion nationaliste et communiste menée par Ho Chi Minh est une armée baroque. Elle est composée de parachutistes pressés d’aller défendre l’Empire français, de légionnaires allemands, d’anciens résistants communistes convaincus qu’ils vont libérer l’Indochine des restes de l’occupation japonaise, mais surtout de nombreuses « troupes de couleur », ainsi qu'on les dénomme alors, venues du Maghreb et d’Afrique noire. En effet, la France ne veut pas envoyer le contingent mener cette guerre lointaine, qui demande pourtant de plus en plus d’hommes au fur et à mesure qu’elle s’enlise.
Certains de ces hommes, qui voient dans les maquis Viêt-Minh beaucoup de ressemblances avec ceux auxquels ils appartenaient en France pendant l’occupation allemande, et dans la lutte des colonisés le miroir de celle qu’ils pourraient bientôt avoir à mener en Algérie ou au Maroc, vont franchir le pas et devenir des transfuges.
Ralliés ou déserteurs ? Traîtres à la patrie ou fidèles à leurs idéaux ? Félons ou convertis ? L’histoire de ceux qui passèrent à l’ennemi pendant la guerre d’Indochine incarne les zones d’ombre du processus de décolonisation et de la constitution des blocs idéologiques dans les années 1940 et 1950.
Elle constitue une histoire enfouie, évoquée au moment de l’affaire Boudarel dans les années 1990, mais qui pourrait bien ressurgir aujourd’hui. En effet, le cinéaste Erick Zonca, auteur notamment de La Vie rêvée des anges, vient de terminer pour Canal + une fiction, diffusée lundi 8 septembre, centrée sur cette histoire, Soldat blanc.
En parallèle, les éditions Tallandier publient en cette rentrée un ouvrage intitulé, Passés à l’ennemi. Des rangs de l’armée française aux maquis Viêt-Minh (1945-1954), co-écrit par les réalisateurs du documentaire que nous présentons aujourd’hui : Adila Bennedjaï-Zou, documentariste, et Joseph Confavreux, journaliste à Mediapart.
Le documentaire Ralliés. Les Soldats Blancs du Viêt-Minh, réalisé en 2003, a obtenu cette même année le premier prix du film d’histoire de Pessac et le prix du scénario historique aux Rendez-Vous de l’Histoire de Blois.
via www.mediapart.fr
