Des collectifs guadeloupéens attaquent l’Etat français pour esclavage

Alors que François Hollande s’apprête à inaugurer le 10 mai un mémorial de l’esclavage à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, plusieurs organisations de la société civile lancent une action en justice contre l’Etat français pour obtenir une réparation collective en faveur des descendants d’esclaves et des Kalinas.

Au moment même où François Hollande s’apprête à inaugurer le 10 mai (date officielle de commémoration de l’abolition de l’esclavage depuis 2006) un mémorial, destiné à être le «  Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage  » à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe, le collectif LAKOU-LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon), la Fondation Frantz-Fanon et le Collectif de l’Ouest de Sainte-Rose et Environs (COSE) lancent une offensive judiciaire contre l’Etat pour obtenir une réparation collective en faveur des descendants d’esclaves et des Kalinas.

L’abolition de l’esclavage a pérennisé le système de domination

En toile de fond de cette action, l’idée, soulignée dans le texte de l’assignation déposée la semaine dernière au Tribunal de grande instance de Pointe-à-Pitre, que «  l’abolition de l’esclavage, présentée comme une mesure de rétablissement citoyen, a eu (…) en fait pour objectif la pérennisation d’un système de domination, entre les descendants des colons et ceux des esclaves  ». La voie du contentieux, choisie par les requérants, contraindra-t-elle l’Etat à changer de position alors qu’il a toujours rejeté l’idée de réparation  ? Débouchera-t-elle sur une «  remise en état  », plus large qu’une seule indemnisation financière, et donc, une redistribution des terres, qui passe par une remise en cause de la propriété des «  békés  » (ou Blanc Pays, en Guadeloupe) ?

La démarche judiciaire trouve son origine dans les luttes sociales de 2009 (photo de Une, crédit : UGTG). Quarante-quatre jours d’un mouvement qui avait paralysé la Guadeloupe au début de cette année-là. «  Il y a eu à cette occasion une grande effervescence, se souvient Raymond Gama, responsable du LKP (collectif d’organisations syndicales, politiques et culturelles, animé également par Elie Domota, par ailleurs secrétaire général de l’UGTG). L’expression d’un vaste ras-le-bol face aux grandes difficultés sociales qui perdurent.  » A titre d’exemple et selon les derniers chiffres disponibles (2ème trimestre 2013), le chômage touche 26,1 % de la population (il était de 9,2 % en métropole) et 60 % des 15-24 ans (24 % en métropole).

Interdits en Métropole, les baux à colonat perdurent

Parallèlement au mouvement de 2009, une réflexion est engagée autour de l’évolution du système de bail rural pratiqué sur l’île. Sur la commune de Sainte-Rose, là où ont débarqué les premiers Français en 1635, et plus généralement en outre-mer, le bail encore en cours est appelé le «  colonat partiaire  ». Issu de l’esclavage (colonat signifie état de colon), pratiqué depuis l’abolition de l’esclavagisme en 1848, il prévoit le versement par le paysan -un descendant d’esclave- d’une partie de la récolte en nature (souvent, un quart) au propriétaire -un descendant de maître. Il oblige également le cultivateur à suivre les desiderata de l’ancien maître, notamment le choix des cultures. Interdit depuis 2006 en France, ce système a perduré dans les faits jusqu’à ce qu’en 2010, une nouvelle loi transforme tous les baux à colonat partiaire en baux de fermage classique (qui prévoit le paiement d’un loyer fixe).

Mais, une question surgit alors quand un pr

via www.altermondes.org

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x