Il est venu chercher lui-même la lettre, mais son contenu ne devrait pas lui révéler une réalité qu’il ne connaît pas. Ce mercredi 5 juin, avant le début de l’assemblée générale de son groupe, Vincent Bolloré s’est vu remettre en main propre un message d’alerte signé par plusieurs collectifs africains, rassemblant les riverains des plantations détenues par Bolloré dans quatre pays : le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Liberia et le Sierra Leone. En parallèle, des actions symboliques ont été menées autour des plantations dans les trois premiers pays.
Les activistes, coordonnés par l’association ReAct, qui soutient les populations en butte aux activités des multinationales, sont porteurs de revendications et d’accusations anciennes, que le groupe Bolloré connaît bien. Leur lettre dénonce les conditions de vie et de travail, au sein ou à proximité des immenses plantations d’hévéas et de palmiers à huile que détient le groupe, en général minoritaire dans les sociétés les exploitant. « L'impact du groupe que vous contrôlez sur nos vies est immense et pourtant, nous n'avons jamais eu de relations directes avec ses représentants », soulignent les collectifs, qui dénoncent « les pratiques dominantes » des entreprises contrôlées par Vincent Bolloré.
Le texte vise cinq plantations de palmiers à huile au Cameroun, une au Nigeria, une plantation d’hévéas et de palmiers en Côte d’Ivoire, et deux autres au Liberia. Au cœur de leurs doléances, l’« accaparement aveugle des terres ne laissant aux riverains aucun espace vital », même pas pour développer des cultures vivrières, la « faiblesse des compensations accordées aux populations riveraines », la « réduction forte des services et des contributions au développement social des villages », contrairement aux bonnes intentions affichées et parfois aux conventions signées, et enfin le « mauvais traitement des populations par des escouades de gendarmes commandités ou employés de sociétés de gardiennage privées ».
Voilà pour « quelques exemples d'une longue liste de problèmes, source de conflits récurrents ». L’association ReAct n’hésite pas à parler de « “Germinal” sous les tropiques ». Dans les quatre pays, les collectifs, qui revendiquent d’être reconnus comme des interlocuteurs valables localement, réclament que les plantations ne s’étendent plus sur « l’espace vital des villages riverains » et même des rétrocessions de terres, mais aussi le financement par les entreprises de services sociaux pour les habitants, et « l’appui au développement de plantations villageoises ».
Les griefs des activistes visent principalement
via www.mediapart.fr