Poitiers, le 12 janvier 2011
Monsieur le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants,
Nous condamnons unanimement l’acte de barbarie qui nous prive aujourd’hui d’un ami cher.
Cependant, votre empressement à justifier l’intervention militaire qui a conduit à la mort d'Antoine de
Léocour et Vincent Delory nous a beaucoup surpris.
Réduire l'analyse de ce drame à un discours sécuritaire ne fait qu’alimenter grossièrement la presse à
sensations. Cela occulte totalement les enjeux globaux de la situation économique et politique que
traverse la zone sahélienne. Les épiphénomènes que nous vivons actuellement participent des
conséquences de politiques étrangères occidentales vis-à-vis de ces régions.
«Ne rien faire, c’est prendre un double risque». Vos déclarations nous amènent à nous interroger sur la mission de l’armée française: consiste-t-elle à abréger les souffrances de ses ressortissants (emmenés par les ravisseurs […] et on sait ensuite comment ils sont traités) lorsque vous, M. Le Ministre de la Défense et M. Le Président de la République, Chef des Armées n'êtes pas en mesure d'envisager une autre solution, plus digne? Ou a-t-elle pour objectifs de démontrer —quel qu'en soit le prix— que la France est prête à entrer dans l'escalade de la violence au nom de son combat pour la démocratie et contre le terrorisme (ne rien faire, c’est donner un signal que la France finalement ne se bat plus contre le terrorisme)? Sachez qu'à nos yeux la raison d’Etat ne doit jamais l’emporter sur le respect de la vie des citoyens.
Nous sommes particulièrement indignés par le ton de vos propos et de ceux de la majorité de la
classe politique française dans un consensus national sans fausse note. Nous croyons comprendre
que la France, patrie des Droits de l’Homme, sacrifie ses ressortissants sur l’autel d’orientations
stratégiques occultes. Vous avez effectivement pris le parti de vous mettre à l’abri de tous moyens de
pression en excluant l’option des négociations.
Nous nous inquiétons également du traitement différencié réservé aux citoyens et victimes en fonction
de ce que leurs employeurs représentent pour les intérêts de la France.
En conclusion, si vous «assumez» si bien cette mission, sachez dire aux Français qu’elle est un échec
et prenez véritablement vos responsabilités en démissionnant. Si un tel courage vous manque, alors
ayez au moins la décence de laisser reposer en paix les âmes d’Antoine et de Vincent en stoppant
toute récupération politique de cet assassinat sordide.Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.
Les amis de Master 2 d’Antoine de Léocour
Régis Belmonte
Amélie Benokba
Elodie Bordrie
Marielle Cartiaux
Marion Leriche
Marie Marchand
félicitations pour votre courage et votre discernement.
au delà de la douleur de la famille et des proches, le temps n’est en ces circonstances pas a la polémique…, ai-je entendu ….
et pourtant, tant de mensonges, de bassesses, de vulgarité… de la part de nos dirigeants, sont révoltants, a commencer par le premier d’entre tous, chef des armées, sarkozy, seul responsable de ces morts par ses décisions
rendez hommages a vos disparus, mais de grâce, empêchez ou interdisez la venue de sarkozy
je penserai a vous
Je rappelle que nos propos nous engagent, et qu’ils n’engagent que leurs auteurs. Lorsque vous écrivez « a commencer par le premier d’entre tous, chef des armées, sarkozy, seul responsable de ces morts par ses décisions », je ne peux y souscrire ni approuver, alors que je suis, depuis le soir même de son élection, constamment et radicalement critique avec ce chef d’Etat. S’ils sont « morts », c’est d’abord parce qu’ils ont été enlevés par des gens d’Aqmi ou des gens qui voulaient les vendre à Aqmi. Ensuite, les militaires français qui étaient sur le terrain ont reçu des ordres d’intervenir, mais libre à eux sur le terrain de le faire, dans la « manière ». Une fois de plus pour nos soldats dont on dit qu’ils sont surentraînés, c’est un échec. C’est qu’ils ont beau être surentraînés et surarmés, ce ne sont que des hommes, dans le désert, partageant les mêmes conditions que ceux qu’ils combattent. Ils auraient dû différer l’exécution de l’ordre s’il leur semblait que leur intervention pouvait mettre en danger les deux otages. Qu’auraient-ils voulu faire ? Qu’ont-ils fait ? Comment le savoir ? Ils devraient être interrogés. Est-ce possible ? Une intervention de ce genre aurait dû être filmée. Y a t-il des images ? photos ? Nous n’en savons rien. M. Sarkozy, ayant donné l’ordre d’intervenir, a sa part de responsabilité, mécaniquement : il est le décideur. Mais impossible de réduire ce drame et leur mort à sa seule responsabilité.