L’intervention du professeur Hiroaki Koide
« Le bâtiment n°4, en partie détruit, contient une piscine de désactivation des combustibles comprenant des éléments radioactifs en grande quantité, qui est aujourd’hui en équilibre instable […]. S’y trouvent 1 331 barres de combustibles radioactifs équivalant à 14 000 fois la quantité de césium 137 comprise dans la bombe d’Hiroshima […].
Il faudra attendre que la grue, dont la construction va démarrer dans les prochains jours, fonctionne pour que l’on puisse commencer le déplacement des barres : on plongera un conteneur de plomb dans la piscine, et une à une, on y entreposera les 10 à 11 barres qu’il peut accueillir, on fermera le conteneur de plus de 100 tonnes, on le sortira et on le déplacera, puis on recommencera. Une seule des 1 331 barres qui viendrait à tomber, et la contamination empêcherait d’approcher la piscine pendant plusieurs mois. Pour le seul réacteur n°4, ces travaux nécessiteront, je pense, plus de dix ans. »
« De nombreux travailleurs sont irradiés »
« Dans les bâtiments n°1, 2 et 3, où la radioactivité est telle qu’on ne peut pas approcher, on ne sait pas quand il sera possible d’extirper les combustibles usagés des piscines. Les cœurs ont fondu et se sont affaissés. Désemparés, on projette, pour le moment, l’eau dessus pour faire en sorte de les refroidir. Cependant, pour le seul réacteur n°1, le niveau ne monte pas au-delà de 40 cm, parce qu’il y a un énorme trou par lequel l’eau fuit toujours plus, envahissant même la salle des turbines. On tente de récupérer cette eau, on essaie d’en extraire le césium et de l’asperger de nouveau. Mais tout fuit de part en part, et l’eau étant chargée d’éléments radioactifs, la radioactivité ne cesse de grimper, elle dont on attend qu’elle “ descende ” […].
Aujourd’hui encore, de nombreux travailleurs sont irradiés afin de pouvoir mener à bien ces travaux de confinement. Les 100 tonnes de céramique d’uranium qui se trouvaient dans le cœur ont liquéfié la base de béton située dessous. Elle se dissout à environ 1 500 degrés. Le cœur en fusion a donc continué sa progression et créé un trou.
Toutefois, selon les dirigeants de Tepco, le corium, certes, progresse dans la base de béton d’un mètre d’épaisseur, mais cette progression n’aurait pas excédé 70 cm, ce qui laisserait une marge de 30 cm. Lorsque je les ai entendus fournir cette explication, je leur ai demandé si, pour affirmer cela, ils étaient allés voir. Etant donné qu’on ne peut même pas introduire un seul instrument de mesure de la radioactivité, on ne peut rien asserter. C’est incontrôlable. »
« Il faudra construire un sarcophage en béton »
« Selon le plan fourni par Tepco, le corium aurait la forme d’un gâteau de riz rond. En réalité, il est impossible de savoir dans quel état il se trouve. Je suis en revanche quasiment certain qu’il a traversé le béton et continue sa progression en dessous. Les dirigeants de Tepco disent qu’ils souhaiteraient en avoir le “ cœur net ”… et que c’est la raison pour laquelle ils développent des technologies liées à la robotique. Ils espèrent pouvoir extraire le cœur d’ici trente ans. Je pense, moi, qu’on ne le pourra jamais et qu’il faudra construire un sarcophage en béton, comme cela a été fait à Tchernobyl. Or, à Tchernobyl, 27 ans après, cette gigantesque couverture de béton est décrépite et il faut en construire une nouvelle par dessus.
C’est la seule solution, à Fukushima aussi, mais on ne pourra pas le faire avant trente ans. Moi, je ne serai plus là. Presque vous tous, qui êtes dans cette salle, vous ne serez plus là. Les jeunes pourront peut-être voir ce sarcophage, mais lorsqu’il faudra en construire un second, aucun d’entre eux ne sera encore en vi
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