Cet ancien dissident devenu le héraut d’une droite ultranationaliste a en outre longtemps ménagé l’extrême droite xénophobe, antisémite et anti-Roms de Jobbik (16,8% des voix) avant de s’en démarquer (lire page 4). Si la Hongrie d’Orbán était aujourd’hui un pays candidat, de telles lois bloqueraient son intégration dans l’UE. Or, à partir du 1er janvier, elle va présider l’Europe pour six mois. «Un tel pays mérite-t-il de diriger l’Union ?» a lancé Jean Asselborn, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, clamant haut et fort ce que nombre de ses homologues des Vingt-Sept pensent ou disent plus poliment. Mais, si Bruxelles ne peut – ou ne veut – faire grand-chose (lire ci-contre), l’inquiétude est réelle.
«Ressentiment». En 2000, l’UE – alors à 15 Etats membres majoritairement à gauche – avait sanctionné les conservateurs autrichiens de Wolfgang Schüssel pour leur alliance avec l’extrême droite de Jörg Haider. Sans effet. Aujourd’hui, un tel cordon sanitaire est impossible. Partout les formations populistes ont le vent poupe. Des petits partis xénophobes gouvernent avec des partis de droite classiques, comme la Ligue du Nord (8,5% des suffrages) avec Silvio Berlusconi en Italie ; ou ils appuient de l’extérieur des gouvernements conservateurs, comme Geert Wilders au Pays-Bas, fort de ses 15,5% des suffrages, ou encore le Parti du peuple au Danemark. Le cas hongrois est néanmoins le symptôme d’une crise plus grave : il illustre la contamination d’un grand parti conservateur membre du PPE (Parti populaire européen) par une telle thématique. «On se focalise trop, notamment pour l’Est, sur les formations d’extrême droite virulentes mais le plus souvent marginales, alors que les discours de ressentiment nationaliste sont de plus en plus portés par des partis mainstream», remarque Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Iris, spécialiste des populismes européens. Des formations de droite, bien sûr, comme le parti Droit et Justice de Kaczynski en Pologne.
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