Pendant une semaine, la justice française a décrypté le « système Pinochet » en étudiant les conditions de l'assassinat de quatre Franco-Chiliens pendant la dictature, qui a duré de 1973 à 1990. La sœur d'une victime m'a raconté ce drôle de procès, où les accusés étaient absents et où un tribunal attentif a su restituer les parcours de ces militants de gauche.
En 1998, lorsque Augusto Pinochet se trouvait « en clinique » à Londres, le juge Roger Le Loire avait mis le dictateur en examen, lançant contre lui un mandat d'arrêt international au nom des familles de disparus. Douze années plus tard, ces familles ont pu enfin voir se dérouler un procès digne de ce nom.
La disparition ne figurant pas au code pénal, les accusés ont été jugés
pour arrestation et séquestration arbitraire, accompagnées de tortures
et actes de barbarie sur Jean-Yves Claudet, Alphonse Chanfreau, Etienne Pesle et Georges Klein.Lourdes condamnations et « verdict historique »
Le 17 décembre, la cour d'assises de Paris a prononcé treize condamnations. Les deux chefs de la Direction du renseignement national (Dina), les généraux Manuel Contreras et Pedro Espinoza, ont été condamnés à la prison à vie. Onze autres officiers ou agents de la répression ont été condamnés à des peines de quinze à trente ans.
Pour Claude Katz, avocat de la Fédération international des droits de l'homme, qui s'est constituée partie civile, ce « verdict historique » représente « la victoire du droit sur la barbarie ».
Le procès s'est tenu en l'absence des accusés : le Chili, où les faits commis pendant la dictature ont été amnistiés, a annoncé qu'il n'extraderait pas ses ressortissants. N'empêche, la sentence du tribunal français empêchera ces criminels de sortir du Chili.
Jacqueline Claudet est la sœur de Jean-Yves Claudet, l'un des quatre disparus. Pour elle, ce procès marque un tournant, et ne se résume pas à un acte politique.Elle nous parle également de sa dimension humaine, du besoin de justice qu'elle ressent.
Jacqueline, comme son frère, militaient au Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), soutien d'Allende. Grâce à l'appui de l'ambassade de France, elle est arrivée à Paris en 1974.
Votre frère n'a pas disparu au Chili ?
via www.rue89.com