Fin décembre, Nicolas, 20 ans, étudiant en droit à Montpellier, a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour détention d'images d'enfants à caractère pornographique. C'est l'unité de gendarmerie spécialisée dans les réseaux pédophiles de Rosny-sous-Bois qui l'a repéré.
Il n'a pas le profil type. Celui que les tribunaux commencent à bien connaître. Christiane Maze, avocate de l'association pour l'enfance La Mouette, présente sur la plupart des procès concernant la détention d'images pédopornographiques :
« Ce sont des hommes qui travaillent souvent dans le domaine de l'enfance : éducateur, directeur d'école, instituteur.
Quelques-uns vivent dans une misère sociale et affective terrible, n'ont jamais quitté leur mère. Des pauvres bougres qui font presque de la peine.
D'autres viennent de milieux sociaux très aisés. Les pires sont ceux qui vivent le procès avec suffisance. »
En général, ces accusés ne passent pas à l'acte.
« Une satisfaction qui va au-delà de la peur du gendarme »
Au départ, il y a un désir anormal, déviant, honteux. Celui de regarder des photos d'enfants nus ou subissant des sévices.
Le procès de Michel S., instituteur exemplaire de Saint-Phathus (Seine-et-Marne), s'est tenu en octobre. L'homme de 52 ans a été arrêté quelques jours après la rentrée pour détention d'images pédopornographiques.
A la barre du tribunal de Meaux, après un mois de détention, il explique dans un effort de sobriété :
« Le psychiatre de la prison m'a dit qu'il allait falloir remonter loin pour savoir d'où cela venait.
J'ai le désir de regarder des enfants nus, mais je le combat tous les jours. Il y a un fort conflit interne. Parfois je gagne, parfois je perds.
J'y trouve une satisfaction qui va au-delà de la peur du gendarme. »
Col en V, chemisette, yeux baissés, il explique timidement qu'il a téléchargé sur son ordinateur autour de 15 000 fichiers. C'est l'ordre de grandeur dans ces affaires. L'acte de téléchargement est compulsif. Il répond à un besoin urgent, comme une violente fringale :
« Je regardais ces images dans des moments de solitude et de dépression. Les mauvaises pensées reviennent.
Le fait de voir suffisait et je pouvais reprendre des activités normales. »
« On ne peut se confier à personne, sinon c'est un suicide social »
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