Visa contre humiliations
Autrefois, étudier en France était le couronnement du cursus normal des jeunes Africains. Presque un rite, un parcours initiatique. Chose qui relève maintenant d’un véritable parcours du combattant, tant l’obtention des visas que la France accorde avec parcimonie rebute plus d’un. Au point de conduire tous ceux qui le peuvent à se détourner de la France pour le Canada ou les Etats-Unis.
Pour obtenir un visa d’entrée sur le territoire français, il faut généralement accepter de subir moult humiliations. Il suffit d’aller à n’importe quel consulat de France en Afrique pour s’en rendre compte. De l’attente à l’accueil très peu courtois, en passant par les nombreux refus de dossier, tout est soigneusement mis en œuvre pour décourager voire humilier le demandeur. Parfois même lorsqu’il justifie pourtant des moyens requis et des conditions exigées.
«J’ai mis 14 ans avant de remettre les pieds en France, en dépit des multiples invitations d’amis français. Tout simplement parce que je me refuse à accepter les humiliations par lesquelles il faut passer pour avoir un visa», confie Serge Félix N’Piénikoua, journaliste de son état.
Le durcissement de la législation en la matière se comprend toutefois dans l’opinion publique africaine, en raison de la ruée de nombreux jeunes africains vers l’Europe, qu’ils considèrent encore comme un eldorado. Les tristes spectacles d’immigrés vers Lampedusa, Ceuta, Melilla sont là pour le rappeler. Mais l’application de cette loi se fait malheureusement sans discernement dans bien des cas.
Une France de plus en plus xénophobe
Au-delà de cet épineux problème, la montée de la xénophobie à l’égard des Africains en France —qui s’accompagne de celle du Front national— n’est pas sans impact sur le continent noir. Beaucoup d’Africains de la diaspora ou qui séjournent en France n’ont de cesse de se plaindre du délit de faciès ou du racisme auxquels ils sont souvent confrontés. Ce qui conduit de plus en plus d’Africains à «réciproquer» vis-à-vis des Français.
«Les jeunes du Maghreb expriment parfois de la haine à l’égard des Français pour des raisons qui ne sont pas toujours justifiées, mais c’est leur sentiment», confie un jeune diplomate français qui a vécu cette situation.
Si dans le paysage politique africain il n’existe pas encore de partis qui recrutent des militants en jouant sur des sentiments xénophobes, cela risque bien d’arriver un jour. La France est encore la seule des anciennes puissances coloniales à être omniprésente dans la vie sociopolitique, voire économique de ses anciennes colonies.
Paternalisme et résurgence du néocolonialisme
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