L’histoire se passe en Autriche, c’est-à-dire nulle part. Donc partout. Elle s’élève d’un fait divers, cet infini à la portée des autruches. L’autruche est un romancier de 56 ans, né à Marseille, auteur de vingt livres, nommé Régis Jauffret. Depuis vingt ans, il met la tête en terre humaine. Il ferme les yeux, avale tout, les vers, les pierres, la merde, les os, les revenants, et puis, dans le noir de la fiction, il développe et illumine le pire dans toutes les directions. Il écrit pour expérimenter, pour que le lecteur expérimente avec lui, comme on le faisait dans les années 70. Mais il le fait en racontant des histoires, épouvantables et drôles, filant comme à la foire, vivant de déborder nos approches raisonnables, informées, journalistiques, télévisées, de la «réalité» – du fait divers. Il veut sentir jusqu’où il peut aller non pas très loin, mais au-delà, de façon à jouir des fureurs de l’imaginaire. Il le fait à l’aide d’une phrase sèche, nerveuse, généralement courte et soudainement longue, rythmée par des comparaisons bouffonnes et par de fausses répliques de scène qui claquent comme drapeaux dans la bataille. C’est la grammaire, et elle seule, qui tient la folle du logis.
Caverne. Jauffret n’utilise donc pas le fait divers, étalon noir du «réel» à la mode, pour coller aux faits, mais, au contraire, pour s’en détacher. En les dévorant : «L’ogre devait emballer l’air» dit-il dans Claustria. L’ogre, c’est lui, l’écrivain. En 2010, Sévère dévorait l’affaire Stern. Cela valut à l’auteur des critiques, un procès. Claustria, plus radical et plus abouti, prend appui sur l’affaire Fritzl. D’Emmanuel Carrère à Morgan Sportès, une génération a été marquée par De sang-froid, de Truman Capote, dans son traitement littéraire du fait divers : c’est en suivant la «réalité» au plus près qu’on approche de la vérité (d’un homme, d’une époque, pourquoi pas de soi-même).
Pour Jauffret, cette «réalité» est sans importance. Il en use pour imposer les droits les plus sauvages de l’imagination. Si le fait divers est un miroir, le sien est déformant. C’est la prolifération du fantasme qui l’anime. Il dit à l’époque ce que Sade écrivait à sa femme : «Vous m’avez fait former des fantômes qu’il faudra que je réalise.»Claustria les réalise comme jamais. C’est qu’ils trouvent dans l’affaire Fritzl une sorte d’idéal expérimental: une cave, où une épouvantable scène de la vie de famille s’est déroulée en huis-clos pendant un quart de siècle. Elle sembla révéler la folie de cette étrange contrée, l’Autriche. Jauffret va partout disant que c’est la caverne de Platon. C’est avant tout la caverne de l’écrivain – de cet écrivain-là.
Le 26 avril 2008, la police de la ville d’Amstetten, en Basse-Autriche, découvre que Josef Fritzl, un ingénieur retraité de 73 ans, a battu, violé, séquestré pendant vingt-quatre ans dans un abri anti-atomique bâti sous son pavillon, sa fille Elizabeth et trois des sept enfants qu’il a eus d’elle. Un bébé est mort en bas âge. On l’a brûlé. Trois autres habitaient officiellement dans la maison. Fritzl se disait leur grand-père (après tout, il l’était aussi). Il avait fait croire qu’Elizabeth avait fugué et disparu. Sa femme n’aurait rien su, rien vu, pas plus que les voisins. Le 19 mars 2009, il est condamné à la prison à vie. Dans un texte intitulé Dans l’abandon, l’écrivain Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature, écrit que Fritzl s’était construit «un temple élevé au désir du père», «grand-père Dieu le père», un temple au pays des sourds. Les écrivains autrichiens sont sans pitié pour les mensonges et culottes de peau de leur folklorique patrie.
Feuilleton.Régis Jauffret n’est pas un Autrichien, mais il les fait parler. Dans une scène hallucinante où il visite clandestinement la maison du tortionnaire, l’agent immobilier lui dit : «En Autri
j ai été visiter des documents parlant de josef » le monstre en cage » ,il veut méme des droits d auteurs étre analysé par les plus grands psychologues de ce monde faut il encore qu il soit à la hauteur les psy ,il y avait un soviétique il y a une quinzaine d années ou un peu plus qui avait été jugé pour une soixantaine de crime j avais pu voir le début de son procés il était dans une sorte de cage en fer et baissait son pantalon devant tout le monde il a été condanné à mort à l époque que dire de ces dingues conscients ,à l instant je ne sais pas ,et peut étre aprés pas plus que maintenant,le pire c est que leur cas fait oublier d autre nécessité constructive importante , l auberge rouge avec Fernandel je l ai vu et le pire c est que l on arrive à rire décidément nous sommes pour le moins bizare , »BIZARE BIZARE VOUS AVEZ DIT BIZARE » LOUIS JOUVET résonne .