China Miéville, «Une partie du travail du pouvoir est de limiter ce dont nous sommes capables et ce que nous pouvons imaginer.» Fantasy politique – Libération

Chinamieville
Curieux à première vue qu’un esprit rationnel et matérialiste dise admirer Alice, celle De l’autre côté du miroir, à qui il a rendu hommage dans son roman pour jeunes adultes Lombres (Au Diable Vauvert, 2007). «Alice a toujours fait partie de moi.» L’auteur, qui se réfère aussi aux surréalistes, à Dick et à Lovecraft, ne supporte pas les histoires sans aucun élément irréel. «Mon plaisir de créer tient dans le plaisir du grotesque et du cadavre exquis. L’expérience humaine de la réalité est hautement fantastique et hautement irréelle.» Sa vie privée se partage depuis quatre ans entre Londres et Providence, aux Etats-Unis, la ville de Lovecraft où vit sa «petite amie» (en français), le médecin Jesse Soodalter, dont le père est un spécialiste de la lutte contre l’esclavage. «C’est merveilleux d’être la moitié du temps seul et l’autre moitié avec celle qu’on aime.»

Bras croisés, dans une salle de la Cité des congrès, China répond posément aux questions, soucieux de l’exactitude des mots employés. Un sourire éclaire parfois son visage. Des limites à l’imagination ? Il cite le révolutionnaire anarchiste italien Errico Malatesta : «Tout dépend de ce que le peuple est capable de vouloir.» Les limites à l’imagination ont toujours été historiquement conditionnées, estime-t-il. «Une partie du travail du pouvoir est de limiter ce dont nous sommes capables et ce que nous pouvons imaginer.»

Le succès critique de son premier roman en 1998, le Roi des rats (Fleuve Noir, 2006), plongée horrifique dans une guerre d’animaux urbains, et surtout de Perdido Street Station (même éditeur, 2003), qui se situe dans l’univers de Bas-Lag où magie et technologie à vapeur coexistent, l’a heureusement surpris. «Je ne m’attendais pas à être écrivain à plein-temps. Et c’est ce qui m’est arrivé dès mon deuxième roman.» Sa fiction lui paraît inévitablement teintée par ses convictions politiques, mais ce n’est pas son propos. «Si je veux avancer des arguments, je les expose dans un article.» Avec Mark Bould, China Miéville a quand même réussi à explorer les relations entre la gauche et la science-fiction (Red Planets : Marxism and Science Fiction, 2009).Son Concile de fer, inspiré de la Commune de Paris, est celui qui tire le plus vers son autre passion. «Mais cette histoire est excitante, que l’on soit socialiste ou pas.»

via www.liberation.fr

Leroidesrats

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