Cac 40: 83 milliards d’euros de bénéfices pour le seul profit des actionnaires | Mediapart

Le chiffre est si spectaculaire qu'il a frappé tous les esprits: en 2010, les groupes du Cac 40 ont totalisé 83 milliards d'euros de bénéfices. En un an, les profits de ces grands groupes ont bondi de 85%. Tous les stigmates de la crise financière ont quasiment été effacés pour eux. Le Cac 40 renoue avec les niveaux historiques de 2007. Les montants absolus donnent le vertige: Total a dégagé plus de 10 milliards d'euros de profits, BNP Paribas est à 7,8 milliards; Sanofi-Aventis à 5,5 milliards.

Les banques et les assurances, considérées en état de danger de mort il y a deux ans, enregistrent un bénéfice cumulé de 18 milliards contre moins de 10 milliards en 2009. La seule Société Générale a vu ses profits augmenter de 478% pour atteindre 3,9 milliards d'euros. Les groupes industriels et de service ont connu aussi des rebonds spectaculaires: + 1.953% pour Arcelor Mittal; + 909% pour Michelin; + 459% pour Saint-Gobain; + 101 pour Schneider Electric. Les deux constructeurs automobiles, Renault et Peugeot, en perte en 2009, et qui ont bénéficié de 6 milliards d'aides de l'Etat en 2009, annoncent respectivement 3,4 milliards et 1,1 milliard d'euros de bénéfices. Il n'y a plus qu'un seul groupe en perte, Alcatel-Lucent, contre huit en 2009.

Loin de rassurer sur la situation économique, ces chiffres faramineux accentuent au contraire le malaise. Le décalage entre ces grands groupes et la réalité économique de la France devient de plus en plus visible. Si ces quarante volent de record en record, le reste de l'économie française est loin, très loin d'avoir pansé les plaies de la crise financière.

Il y a toujours plus de 4,6 millions de chômeurs en France, la production industrielle est toujours en retrait de 10% par rapport à son niveau le plus haut d'avant la crise, les services et l'industrie continuent de supprimer des emplois pérennes. Les PME affichent des taux de marge toujours aussi dégradés. Leur taux d'autofinancement est à peine de 50% en moyenne quand celui des groupes du Cac 40  dépasse 120%. 60.000 petites entreprises ont fait faillite l'an dernier.  

Dans aucun autre pays d'Europe, il existe une telle rupture entre les grands groupes et le reste de l'activité industrielle. En Allemagne, devenue le point de référence obligé ces derniers temps, les PME industrielles évoluent à un rythme sensiblement équivalent à celui des grands groupes. En Italie, les PME réussissent à résister, à créer des emplois et même à s'imposer sur les marchés étrangers. Mais en France, rien de cela. Le Cac 40 est un îlot de prospérité dans un océan de marasme.

via www.mediapart.fr

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