Soyons francs : si on a traité le volet politique de l’affaire Bygmalion sur le site (ici ou là) ou évoqué le passé du fondateur de l’agence de communication Bastien Millot, on n’a guère exploré le volet France télévisions, alors que son ancien président Patrick de Carolis est mis examen depuis le mois d’avril. Pourtant il y a à dire, et à écrire. Et le plateau d’aujourd’hui ne va pas me démentir. Jean-Jacques Cordival, délégué syndical CGC Média qui publie quasiment un papier par jour sur son blog, est prolixe. Très prolixe.
Petit résumé de l’affaire : parmi les clients de Bygmalion, on trouve France Télévisions. A l’époque Carolis, en 2005, Millot est débauché du cabinet de Copé pour devenir délégué de la stratégie de France Télé. Pendant l’émission, le journaliste Marc Endeweld donne une explication à ce choix : Carolis a été nommé alors que les principaux responsables de l'Etat lui étaient hostiles – mais il était soutenu par… Bernadette chirac. Pour se placer dans les petits papiers du gouvernement, mieux valait placer un rouage, en l’occurrence Millot, très proche de Copé et de l’UMP.
Trois ans plus tard, Millot se met en congé et fonde l’agence Bygmalion avec Guy Alvès. Direct, il décroche des contrats de France Télévisions pour des prestations aux contours parfois flous et surtout sans consultation préalable. Là, on tombe sur une querelle juridique : est-ce que, comme s’en défend Millot, le délit de favoritisme n'a pas d'application au sein de l'entreprise France Télévisions ? Faux ! assure Cordival : bien sûr que le délit de favoritisme s’applique à la télé publique, et ce pour tout contrat à partir de zéro euro. Endeweld est plus mitigé. Juridiquement, dit-il, ça se défend. On verra bien ce que conclura le juge chargé de l’instruction, Renaud Van Ruymbeke.
Mais il y a plus troublant : lorsque Carolis quitte la présidence de France Télévisions en 2010, il est sollicité par Bygmalion pour des missions de conseil à hauteur de 143 000 euros et des bananes – et non 120 000 comme je le dis sur le plateau. Quel genre de conseils ? Carolis intervient sur le projet de création d’une télé locale en Picardie et celle d’un musée Bonnard au Cannet (06), ville de Michèle Tabarot, proche de Copé… Autre contrat post-présidence : Carolis est missionné cette fois-ci par France Télé pour faire l’audit de l’émission Des racines et des ailes, émission qu’il a créée et animée. Une façon de le ménager ? De lui verser mine de rien des indemnités ?
Pas du tout ! m’assure le directeur de la communication, Frédéric Olivennes, tandis que je prépare l’émission. Carolis était le mieux placé pour remettre à flot une émission en perte de vitesse. De la même manière, ajoute-t-il, on a missionné l’agence Bonne pioche pour repenser Thalassa, autre programme dont l’audience chutait. Une mission de 200 000 euros, soit le tiers du coût d’une émission. Celle de Carolis a coûté un peu moins – mais il n’annonce pas de montant. Preuve que la mission de Carolis est bien remplie : Des racines et des ailes a vu ses audiences remonter.
On a beaucoup parlé, Olivennes et moi, ces deux derniers jours. La direction a décliné notre invitation pour l’émission en invoquant un "énorme droit de réserve" vu que l’affaire est en cours d’instruction. Mais Olivennes parle volontiers, comme il parle avec mes confrères du Canard enchaîné, du Point, de Marianne, etc. Par contre, lui seul juge ce que je peux dire ou pas. C’est la règle du off. Je la respecte. Pour lui donc, Rémy Pflimlin, qui a succédé
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